
Le célèbre cabaret parisien "Chez Michou" redémarre vendredi soir. Il sera le premier lieu de fête à rouvrir ses portes après plusieurs mois de fermeture imposés par les mesures préventives contre la propagation du Covid-19. Suivront le Paradis Latin et le Crazy Horse, mais le Moulin Rouge et Le Lido devront attendre la fin de l'année.
Paris renoue enfin avec la nuit et la fête. Le célèbre cabaret "Chez Michou", institution du 18e arrondissement de Paris, rouvrira ses portes vendredi 11 septembre après six mois de fermeture. Certes dans une version spéciale Covid-19, avec 45 spectateurs masqués seulement et pas plus de deux artistes sur scène en même temps, mais avec l'enthousiasme et la joie de retrouver son public.
"On va essuyer les plâtres avec une jauge restreinte, mais on le fera à perte...", confie Catherine Catty-Jacquart, la nièce de Michou, qui a repris le flambeau après le décès du père fondateur en janvier dernier. "L'important est de donner envie aux gens de retourner dans les salles de spectacles et les accompagner pour ce retour à la vie et à la fête".
La mise en place de la distanciation a été plus ardue qu'ailleurs : le cabaret de la rue des Martyrs est le plus petit de France, avec 80 spectateurs maximum, au coude à coude, en temps normal. Mais la nouvelle directrice assure que toutes les mesures de sécurité ont été prises. "Tout le personnel a été testé. On prendra la température des clients à l'arrivée. La sécurité sera maximum, sans nuire à l'esprit du lieu", promet Catherine Catty-Jacquart.
Distance sociale pour les "Michettes"
La distanciation concerne aussi les artistes, dans les loges et sur la scène, l'une des plus petites, de quelques mètres carrés seulement. Habituellement, six artistes peuvent s'y produire en même temps. Protocole sanitaire oblige, ils ne seront plus que deux. Le final, haut en couleurs, a été revu en conséquence : les artistes évolueront entre les tables, en serpentin.
Pas de quoi décourager les artistes. Jeudi après-midi, les "Michettes", ces artistes se travestissant pour imiter des célébrités, réajustaient leurs maquillages sous les halos de lumière, lors des ultimes répétitions après six mois d'arrêt. Pour fêter la réouverture, Oscar, le directeur artistique, a convoqué de nouvelles "Michettes" dont l'une, épatante, en Johnny Hallyday. Ils sont aussi impatients de retrouver leur public que le public de revenir.
"Les spectateurs veulent revenir. Le carnet de réservations est déjà bien rempli", assure la nièce de Michou. Des représentations en matinée sont envisagées pour limiter les pertes. Pendant le confinement, le cabaret a bénéficié du prêt garanti de l'État et du chômage partiel, qui est encore en place pour les artistes et serveurs exclus de la réouverture par la distanciation. "On ne pourra pas tenir des mois avec des comptes négatifs...", prévient toutefois Catherine Catty-Jacquart.
"Besoin de rêver"
Le cabaret sera le premier lieu de nuit à Paris à rouvrir ses portes. Suivront le Paradis Latin et le Crazy Horse, tandis que le Moulin Rouge et Le Lido attendent les fêtes de fin d'année pour ressortir plumes et paillettes.
"Nous avons besoin de vivre, de rire, de chanter et rêver", estime le dirigeant du Paradis Latin, Walter Butler, contraint de diviser par deux la jauge, qui passe de 700 à 350 clients. Il est sans espoir de parvenir à un équilibre financier à ce stade, et estime "à plusieurs millions d'euros" les pertes depuis le début de l'épidémie.
La troupe et le personnel en salle seront testés régulièrement. Seuls les artistes ne porteront pas de masque. De son côté, le Crazy Horse, célèbre pour ses danseuses habillées uniquement de lumière, rouvrira le 1er octobre, les fins de semaine pour commencer. Le protocole sanitaire fait baisser jusqu'à 100 places la capacité habituelle de 270 fauteuils.
Pour le Moulin Rouge et le Lido, pas de réouverture programmée avant décembre, au mieux. Ces deux cabarets ont des capacités de près de 1 000 spectateurs et deux shows quotidiens ; ils considèrent que la distanciation actuelle (400 spectateurs maximum pour le Moulin) rend impossible une reprise, d'autant que l'essentiel de la clientèle est étrangère et provinciale.
Avec AFP