logo

Biélorussie : des dizaines de milliers de manifestants à Minsk

Des dizaines de milliers de Biélorusses ont manifesté dimanche à Minsk pour dénoncer la réélection du président Alexandre Loukachenko et la répression de l'opposition. Le chef de l'État a réagi en qualifiant les manifestants de "rats" et en se montrant, dans une vidéo, une kalachnikov à la main.

Des dizaines de milliers de Biélorusses ont manifesté dimanche 23 août à Minsk pour dénoncer la réélection du président Alexandre Loukachenko, confronté depuis deux semaines à un immense mouvement de protestation.

Brandissant des drapeaux blanc et rouge, les couleurs de la contestation, la foule était réunie sur la place de l'Indépendance et dans les rues environnantes, reprenant en chœur des slogans comme "Liberté !" La mobilisation semblait équivalente à celle de la semaine passée, lorsque quelque 100 000 personnes étaient descendues dans la rue de la capitale biélorusse, selon l'AFP.

Une kalachnikov à la main

Au pouvoir depuis 26 ans, Alexandre Loukachenko, qui avait juré cette semaine de "régler le problème" de la contestation, a réagi en qualifiant les manifestants de "rats" et en se montrant, dans une vidéo, arriver dans sa résidence officielle de Minsk en gilet pare-balle, une kalachnikov à la main.

Selon cette vidéo, diffusée par la présidence biélorusse, Alexandre Loukachenko, 65 ans, a fait un tour en hélicoptère dans la soirée avec son fils Nikolaï, 15 ans, au-dessus du centre-ville et notamment de l'avenue de l'Indépendance, point de départ pour la manifestation de dimanche. "Ils se sont enfuis comme des rats", a lancé le président, alors que dans la soirée, les protestataires s'étaient déjà dispersés.

À l'arrivée dans sa résidence, Alexandre Loukachenko est sorti de l'enceinte pour remercier les membres des forces de l'ordre y assurant la sécurité du côté de la ville, selon l'agence de presse publique Belta. "Nous sommes avec vous jusqu'au bout !", ont-ils répondu, selon Belta.

Menaces de l'armée

Les manifestants dénoncent la réélection d'Alexandre Loukachenko le 9 août, jugée frauduleuse, ainsi que la brutale répression ayant suivi. "S'il a vraiment gagné l'élection (avec 80 % des voix), alors pourquoi tant de gens sortent dans la rue contre lui ?", a feint de s'interroger Evgueni, un manifestant de 18 ans, lors du rassemblement dans l'après-midi. Alexandre Loukachenko "veut que tous se dispersent et vivent comme avant (le scrutin). Mais ça ne sera plus jamais comme avant", a martelé de son coté Nikita, 28 ans.

Avant le rassemblement, le ministère de la Défense avait prévenu qu'en cas de troubles près des mémoriaux de la Deuxième Guerre mondiale, lieux de manifestations ces deux dernières semaines, les responsables auraient à faire "non pas à la police, mais à l'armée".

Le président biélorusse est jusqu'ici resté droit dans ses bottes et a pu compter sur la fidélité de l'armée, de la police et des services secrets, même s'il a enregistré des défections dans les médias d'État et des entreprises publiques.

Le chef de l'État, qui dirige son pays d'une main de fer, a exclu de quitter ses fonctions, comme le demande sa principale concurrente au scrutin du 9 août, Svetlana Tikhanovskaïa. Peu après l'élection, cette dernière s'était exilée en Lituanie, sous la menace selon ses proches.

Pour Moscou, la situation se stabilise

La Russie pense qu'une réforme constitutionnelle en Biélorusse serait une solution durable à la crise politique, a déclaré dimanche son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, cité par les agences de presse russes. Selon le chef de la diplomatie, la situation est en cours de stabilisation dans le pays.

Sergueï Lavrov, qui accuse les opposants en exil de chercher à provoquer "un bain de sang", estime qu'il est impossible de prouver qu'Alexandre Loukachenko n'avait pas remporté la présidentielle.

Avec AFP