L'État français prévoit d'aider "à hauteur de plusieurs milliards d'euros" la SNCF, confrontée à un lourd manque à gagner en raison notamment de la crise du Covid-19, a déclaré jeudi le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari.
Après Air France ou Renault, l'État veut désormais prêter main forte à la SNCF, pour que l'entreprise puisse faire face au lourd manque à gagner provoqué notamment par la crise du Covid-19. Le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, promet une aide "à hauteur de plusieurs milliards d'euros", dans un entretien au Figaro daté du jeudi 23 juillet, tout en notant que l'État a déjà permis à la SNCF d'emprunter 1,2 milliard d'euros sur les marchés et financé "le salaire d'un cheminot sur trois" au titre de l'activité partielle pendant le confinement.
"Plusieurs options sont sur la table : la recapitalisation du groupe ou la reprise d'une part complémentaire de la dette, par exemple", affirme Jean-Baptiste Djebbari. "Allons-nous utiliser une option plutôt qu'une autre ou panacher des solutions ? […] Les arbitrages ne sont pas encore rendus."
Mi-juin, le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, avait estimé que la crise du Covid-19 devrait coûter à elle seule près de quatre milliards d'euros de chiffre d'affaires à l'opérateur ferroviaire.
Si l'on ajoute la perte de chiffre d'affaires liée aux grèves contre la réforme des retraites, évaluée à un milliard d'euros, le manque à gagner pour la SNCF est de quelque 5 milliards d'euros depuis décembre dernier.
Dès le mois de mai, craignant que la situation financière de la SNCF – qui cumulait une dette de quelque 35 milliards d'euros début 2020 – ne s'aggrave, Jean-Pierre Farandou en avait appelé à l'État actionnaire : "La notion d'un plan d'aides à la SNCF ne me paraît pas déraisonnable", avait-il déclaré, rappelant qu'Air France et Renault en avaient bénéficié.
Le gouvernement attend des réformes
"Si l'État investit des sommes considérables, il attend en retour que la SNCF ait une performance économique, environnementale et sociale de haut niveau", prévient toutefois Jean-Baptiste Djebbari dans Le Figaro.
"Nous souhaitons que d'ici dix ans, le réseau ferroviaire soit modernisé de telle sorte que l'on puisse faire circuler sans accroc des trains de voyageurs, de jour comme de nuit, ainsi que des trains de marchandises. Pour cela, il faut maintenir le cap de la réforme de 2018 ; c'est-à-dire un investissement de plusieurs milliards d'euros par an jusqu'en 2022 pour régénérer le réseau ferré", poursuit-il.
"Une aide suffisamment forte pourrait permettre à la SNCF de revenir à l'équilibre dans les meilleurs délais. En clair, il s'agit de ne pas se remettre à fabriquer de la dette", souligne encore Jean-Baptiste Djebbari.
La transition écologique dans le viseur
Lors de sa prise de parole le 14 juillet, Emmanuel Macron avait souligné qu'il entendait "redévelopper massivement" le fret ferroviaire, les petites lignes de train et les trains de nuit dans le cadre de sa politique de transition écologique.
Dans l'optique de "relancer le fret ferroviaire en France", Jean-Baptiste Djebbari indique avoir notamment proposé au Premier ministre "de baisser les péages pour les entreprises qui opèrent sur le réseau national".
Le gouvernement ambitionne par ailleurs "de relancer d'ici 2022 deux trains de nuit supplémentaires avec, pourquoi pas, un Paris-Nice pour commencer", dit le ministre délégué.
"L'État va d'abord financer la rénovation du matériel roulant existant avant d'envisager l'achat de nouvelles rames pour développer un réseau européen plus vaste à plus long terme", précise-t-il.
Sur les "petites lignes", "l'État continuera de mobiliser des cofinancements conséquents pour rénover un maximum d'autres lignes", promet-il.
Avec AFP