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Depuis jeudi matin, le Premier ministre Jean Castex s'entretient avec les partenaires sociaux. S'il souhaite reprendre le dossier des retraites, les syndicats et représentants du patronat ont estimé que la question de l'emploi était plus urgente dans le contexte de la crise sanitaire du Covid-19.
Moins d'une semaine après sa prise de fonctions, le nouveau Premier ministre Jean Castex se penche sur l'agenda social du gouvernement. Il a commencé à recevoir, jeudi 9 juillet, à Matignon les partenaires sociaux, qui, compte tenu de la crise sociale, ont tous mis en avant la question de "l'emploi" plutôt que celle des retraites, dont ils ne veulent pas entendre parler dans l'immédiat.
Jeudi, des premières heures de la matinée jusque dans la soirée, avant une reprise vendredi après-midi, les syndicats et le patronat défilent à Matignon en présence de la nouvelle ministre du Travail, Élisabeth Borne. Ils souhaitent prendre le pouls des intentions du nouveau Premier ministre.
Ouvrant le bal, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger s'est félicité d'une prise de contact "très franche, très ouverte sur la question de la méthode".
"Changement d'hommes, changement de style", a ajouté Laurent Berger qui avait été l'interlocuteur clé d'Édouard Philippe lors de la réforme des retraites, dont les soubresauts avaient rythmé l'hiver, avant qu'elle ne soit suspendue par l'épidémie.
"Très direct et très franc", "presque rugbyman", a abondé le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui a glissé qu'il avait déjà fréquenté Jean Castex dans le cadre de ses anciennes fonctions de délégué interministériel aux JO-2024.
"On jugera aux actes", prévient Philippe Martinez
"Il était attentif à nos propos mais la confiance ça se gagne, on jugera aux actes", a tempéré Philippe Martinez (CGT).
Sur le fond, Laurent Berger, dont le syndicat est le seul à être favorable au principe du régime universel de retraite à points, a répété jeudi que ce dossier n'était "pas le sujet de l'été et de l'automne".
"On a clairement dit au Premier ministre que la question des retraites ne devait pas venir polluer la question de la relance", a-t-il insisté, en soulignant que "la priorité aujourd'hui, c'est l'emploi".
Yves Veyrier, secrétaire général de Force Ouvrière (FO), est allé dans le même sens, expliquant que les syndicats et le patronat français ont tous déjà dit : "Ce n'est vraiment pas le moment". "Il faut se mettre en mode pause", a renchéri François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).
Il n'est "pas question" d'avoir "des mesures d'âge", comme par exemple l'allongement de la durée de cotisation, pour remédier à la question du financement, a ajouté Yves Veyrier, qui craint que cette option soit retenue.
"Discutons à la rentrée, mais avec des chiffres" à jour concernant le déficit du système actuel, a insisté pour sa part Geoffroy Roux de Bézieux.
De son côté, Jean Castex avait déjà fait part de sa détermination pour régler ce dossier "à court terme", à rebours des partenaires sociaux. "Refuser de parler des retraites lorsque l'équilibre des comptes, et donc la sauvegarde du système actuel se trouve compromise, serait irresponsable", a-t-il plaidé mercredi.
"Il serait irresponsable de ne pas traiter les questions d'emploi et de bas salaires dans la période", lui a répondu jeudi Philippe Martinez.
Hausse du déficit du système de retraites
Jean Castex avait aussi mercredi commencé à exposer sa méthode : la réforme du système, et donc des régimes spéciaux, sera séparée "des dispositions qu'il y a lieu de prendre pour sauvegarder le système actuel", d'ordre financier. D'après une estimation provisoire du Conseil d'orientation des retraites (COR), le déficit du système de retraites devrait approcher cette année le niveau record de 30 milliards d'euros, très loin des 4 milliards attendus avant la crise.
Outre les retraites et l'emploi, d'autres importants chantiers sont en jachère, comme la réforme de l'assurance chômage dont le deuxième volet devait entrer en vigueur au 1er septembre.
Jean Castex a réaffirmé aux syndicats sa volonté de la décaler, alors que ceux-ci réclament l'abandon de cette réforme qui prévoit un nouveau calcul de l'allocation pour ceux, souvent précaires, qui alternent contrats courts et chômage.
Les syndicats veulent aussi que l'exécutif revienne en arrière sur le durcissement de l'ouverture de droits (six mois de travail sur les 24 derniers depuis le 1er novembre contre quatre sur 28 avant) et leur rechargement.
Les annonces sur l'assurance chômage devraient être avoir lieu "la semaine prochaine", selon Geoffroy Roux de Bézieux qui demande le report d'une autre mesure, le bonus malus, destiné à pénaliser les entreprises qui abusent des contrats courts.
Après sa déclaration de politique générale le 15 juillet, Jean Castex recevra à nouveau les partenaires sociaux le 17 juillet, en multilatérale cette fois, pour définir les priorités à aborder, la méthode et le calendrier.
Avec AFP