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Barrage sur le Nil : l'Éthiopie maintient son calendrier, l'Union africaine s'implique

L'Éthiopie a annoncé samedi vouloir commencer à remplir le réservoir de son gigantesque barrage sur le Nil "dans les deux prochaines semaines". Addis Abeba s'est néanmoins engagé à essayer de conclure, sous l'égide de l'Union africaine, un accord définitif avec l'Égypte et le Soudan.

Les négociations se poursuivent autour Grand barrage de la Renaissance (Gerd) sur le Nil. L'Éthiopie a annoncé samedi 27 juin qu'elle entendait commencer à remplir le réservoir de son gigantesque barrage "dans les deux prochaines semaines", tout en s'engageant à essayer de conclure, sous l'égide de l'Union africaine, un accord définitif avec l'Égypte et le Soudan, inquiets des conséquences du projet.

Le communiqué publié samedi matin par le bureau du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed vient contredire en partie les déclarations, vendredi soir, des dirigeants égyptien et soudanais assurant que l'Éthiopie avait accepté de surseoir à la mise en eau de son barrage jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé.

L'Éthiopie voit le barrage de 145 mètres de haut – qui doit devenir le plus grand barrage hydroélectrique d'Afrique, avec une capacité de production de plus de 6 000 mégawatts – comme essentiel à son développement et à son électrification. Le Soudan et l'Égypte craignent qu'il ne restreigne leur accès à l'eau.

Menace "existentielle"

L'Égypte, qui considère ce projet comme une menace "existentielle", a appelé la semaine dernière le Conseil de sécurité de l'ONU à intervenir. Une nouvelle réunion du Conseil doit avoir lieu lundi.

Vendredi, les dirigeants des trois pays se sont entretenus lors d'une visioconférence organisée et présidée par le chef de l'État sud-africain Cyril Ramaphosa, président en exercice de l'Union africaine (UA).

Dans la soirée, les services du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi faisaient état d'un "accord final légalement contraignant et visant à prévenir toute action unilatérale, y compris la mise en eau du barrage".

Même tonalité du côté de Khartoum où, selon le Premier ministre Abdallah Hamdok, il a été "convenu que la mise en eau du barrage serait reportée jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé".

Mais dans son communiqué samedi matin, Addis-Abeba ne mentionne pas de report en tant que tel et semble s'en tenir à son calendrier, tout en se disant prêt à poursuivre les discussions en vue d'un accord définitif.

Implication de l’Union africaine

L'Éthiopie s'est montrée réticente à l'implication de parties tierces dans le processus de négociations, notamment après la tentative de médiation de l'administration américaine, à la demande de l'Égypte, qui s'est soldée en février par un échec, Addis-Abeba accusant notamment les États-Unis de favoriser Le Caire.

Dans son communiqué samedi, l'Éthiopie s'est félicitée de l'implication de l'Union africaine dans le dossier, réaffirmant que "les questions africaines doivent trouver des solutions africaines".

L'UA a souligné dans un communiqué samedi que "90 % des questions relatives aux négociations tripartites (...) avaient d'ores et déjà été résolues" et a appelé les pays concernés à "s'abstenir de toute déclaration ou toute action qui pourrait compliquer ou mettre à mal le processus de l'UA destiné à trouver une solution acceptable aux questions encore en suspens".

Le Nil, qui coule sur quelque 6 000 km, est une source d'approvisionnement en eau et en électricité essentielle pour une dizaine de pays d'Afrique de l'Est. L'Égypte tire 97 % de ses besoins en eau de ce fleuve.

Avec AFP