L'Italie rouvre ses frontières aux touristes européens ce mercredi. À l'approche de l'été, le pays espère sauver son industrie touristique, secteur clé de son économie sapé par la pandémie de Covid-19.
Les gondoles peuvent voguer sur les canaux de Venise, les amoureux jouer les "Roméo et Juliette" sur le balcon de Vérone et le Colisée de Rome accueillir à nouveau les visiteurs. Alors que la saison touristique est censée démarrer, l'Italie rouvre ses frontières, mercredi 3 juin. Les vols internationaux reprennent à Milan, Rome et Naples et le gouvernement autorise, à partir de ce jour, la libre circulation entre les régions.
"Le gouvernement veut tout faire pour sauver la saison estivale alors que la courbe épidémique s'améliore", rappelle Natalia Mendoza, correspondante de France 24 à Rome.
Alors que le pays fait face à la plus grave récession depuis la Seconde Guerre mondiale, il a un besoin crucial de voir revenir les touristes. Pourtant, le gouvernement ainsi que les professionnels du secteur redoutent que les touristes ne soient, cette année, pas au rendez-vous. Si le nombre de contamination de Covid-19 continue de chuter, l'Italie reste l'un des pays d'Europe les plus touchés par la pandémie où le nouveau coronavirus a fait plus de 33 500 morts.
L'Italie, dernier "point chaud"
Malgré la réouverture des frontières, les pays frontaliers continuent de se montrer très frileux à l'égard de l'Italie. La Suisse a prévenu que ses citoyens qui se rendraient en Italie à partir de mercredi seraient soumis à des "mesures sanitaires" à leur retour. Elle ouvrira ses frontières avec l'Allemagne, la France et l'Autriche le 15 juin, mais pas avec l'Italie.
Le 15 juin, l'Autriche lèvera ses restrictions avec l'Allemagne, la Suisse, la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie mais, là encore, pas avec l'Italie, que son ministre de la Santé a qualifiée la semaine dernière de "point chaud".
Ces mesures spécifiques à l'Italie ont poussé le ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio à mettre en garde les pays contre le fait de traiter son pays "comme un lépreux", alors que les personnes arrivant en Italie en provenance d'Europe ne seront, elles, pas tenues de s'isoler, à moins qu'elles n'aient récemment voyagé depuis un autre continent.
Luigi Di Maio a annoncé qu'il se rendrait en fin de semaine en Allemagne, en Slovénie et en Grèce pour les persuader que l'Italie est un pays sûr pour les touristes. Il doit recevoir mercredi son homologue français Jean-Yves Le Drian.
Le tourisme dévasté par la crise sanitaire
Les mesures de confinement ont eu un effet dévastateur sur le secteur du tourisme italien, qui représente environ 13 % du produit intérieur brut (PIB). Les restaurants, cafés et établissements balnéaires ont lentement rouvert au cours des deux dernières semaines. Mais seuls 40 des 1 200 hôtels de Rome ont rouvert, a indiqué lundi le Corriere della Sera, et une douzaine seulement à Milan, leurs propriétaires estimant qu'il coûte trop cher de les rouvrir s'ils restent vides.
L'agence nationale du tourisme a déclaré que quelque 40 % des Italiens se rendent habituellement à l'étranger pour leurs congés, mais qu'ils pourraient décider cette année de passer leurs vacances sur leurs terres, ce qui aiderait les entreprises locales.
La libre circulation sur le territoire du nord au sud du pays suscite néanmoins des inquiétudes, notamment dans le sud. "Les gouverneurs des régions comme la Sicile ou la Campanie craignent l'arrivée des touristes venant du nord du pays, plus contaminé", explique Natalia Mendoza. Le gouvernement italien assure pour sa part que le système de santé italien est prêt à assurer en cas de deuxième vague épidémique.
Avec AFP