logo

Un bus a sauté sur un engin explosif artisanal dans la province de Kandahar, tuant 30 civils, dont 10 enfants. Les Taliban nient être à l'origine de l'explosion, la plus sanglante contre des civils depuis plus d'un mois.

AFP - Au moins trente civils, en majorité des femmes et des enfants, ont été tués mardi quand leur bus a sauté sur un engin explosif artisanal dans la province de Kandahar, un bastion des talibans dans le sud de l'Afghanistan.

C'est l'attaque la plus meurtrière contre des civils depuis plus d'un mois en Afghanistan.

Ces mines artisanales, ou IED (Improvised explosive devices), sont devenues l'arme favorite des talibans, avec les attentats suicide.

Dans la matinée, "un bus a sauté sur une mine artisanale dans le district de Maywand", a indiqué le gouvernorat de Kandahar dans un communiqué transmis à l'AFP.

"30 personnes ont été tuées, dont 10 enfants, 7 femmes et 13 hommes. Et 39 autres personnes ont été blessées", selon un communiqué du ministère de l'Intérieur.

Le premier bilan faisait état de 12 morts et de 15 blessés.

La province de Kandahar, dans le sud de l'Afghanistan, est un bastion des talibans et un des épicentres des violences et de l'insurrection.

"La mine avait été posée par les ennemis du pays", expression qu'utilisent les autorités pour désigner les insurgés islamistes, a affirmé le gouvernorat.

L'attentat s'est produit à plus de 40 km à l'ouest de la ville de Kandahar, la capitale provinciale.

La veille, cinq civils, dont deux femmes, avaient été tués par une bombe artisanale posée sur une route du même district, alors qu'ils se déplaçaient en voiture. Deux enfants avaient également été blessés.

Kandahar est la province où est né le mouvement taliban en Afghanistan dans les années 1990.

Ces combattants musulmans et nationalistes avaient finalement pris le pouvoir en 1996, mettant fin à la guerre civile qui ravageait le pays. Ils ont dirigé le pays d'une main de fer jusqu'à fin 2001, lorsqu'ils ont été renversés par une coalition internationale menée par les Etats-Unis.

"Ce n'est pas notre oeuvre. Cette action a été menée par les forces étrangères présentes en Afghanistan, afin de détruire la réputation des talibans", a déclaré à l'AFP Yousuf Ahmadi, un porte-parole habituel des talibans, s'exprimant par téléphone d'un lieu inconnu.

"Nous infligeons toujours des pertes aux forces étrangères par ce moyen (les bombes artisanales, ndlr), ils veulent donc détruire notre réputation par cet incident. Mais le peuple d'Afghanistan sait qui a commis cette action", a ajouté le porte-parole.

Le président afghan Hamid Karzaï est natif de la province de Kandahar, et son frère en dirige le conseil provincial. En proie à d'intenses violences, elle reste une zone sous forte influence talibane.

Le 25 août, un véhicule piégé avait explosé dans le centre de la capitale provinciale, faisant 43 morts et 65 blessés et provoquant l'indignation de la communauté internationale. Il s'agissait de l'attentat le plus meurtrier en Afghanistan depuis l'attaque suicide qui avait visé l'ambassade d'Inde à Kaboul, le 7 juillet 2008, où 60 personnes avaient péri.

Une proportion de plus en plus importante des victimes du conflit afghan sont tuées ou blessées par ces bombes artisanales.

D'après les experts, ces bombes sont bon marché, faciles à fabriquer, reliées à des minuteurs, à un système de commande à distance ou à un détecteur de pression qui se déclenche quand un véhicule passe dessus.

Sur les huit premiers mois de l'année, 40% des victimes civiles ont péri à cause des IED ou des attaques suicide, soit plus de 600 personnes, selon les Nations unies.

De janvier à juillet, "les incidents impliquant des IED" atteignent "une moyenne de plus de huit par jour, soit 60% de plus que sur les sept premiers mois de 2008", indique l'ONU.

Parmi les forces internationales, trois quarts des soldats tués le sont par des IED.

Pour faire face à cette flambée de violences, le général américain Stanley McChrystal, commandant des quelque 100.000 soldats étrangers en Afghanistan, devrait réclamer entre 10.000 et 40.000 soldats supplémentaires, une demande qui intervient à un moment délicat pour l'administration américaine, alors que le soutien de son opinion publique à l'engagement afghan faiblit.

Le général a prévenu que la mission américaine en Afghanistan était vouée à l'échec si la situation n'était pas inversée dans les douze mois par un renforcement des troupes.