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États-Unis : immunologiste et critique de Trump, le docteur Fauci ciblé par l'alt-right

Érigé en héros aux États-Unis depuis le début de la crise du coronavirus, le docteur Anthony Fauci est considéré par les Américains comme le seul à même de lutter contre la désinformation du président Donald Trump. Depuis, l'extrême droite multiplie les provocations pour décrédibiliser l'immunologiste.

Inquiet des répercussions économiques, le président Donald Trump ne se montre pas des plus fermes face à la crise sanitaire liée au Covid-19. C'est donc vers une autre personnalité de premier plan que des Américains se sont tournés. Depuis sa nomination par le gouvernement à la tête de la "task force" de la Maison Blanche, Anthony Fauci, éminent immunologiste, est devenu la figure de la lutte contre le coronavirus aux États-Unis.

Tous les soirs, le médecin âgé de 79 ans, par ailleurs directeur de l'Institut national des maladies infectieuses, informe ses concitoyens sur l'évolution de la situation, donnant des informations qui, parfois, contredisent celles du président.

Début mars, par exemple, Donald Trump avait affirmé la disponibilité d'un vaccin d'ici quatre mois. Une annonce démentie instantanément par le docteur Fauci. "Comme je vous l'ai dit Monsieur le président, il faudra un an à un an et demi avant de distribuer un vaccin efficace et sûr", avait-il alors rectifié.

Le 20 mars encore, lors d'une conférence de presse donnée par le président américain, l'immunologiste avait laissé échapper une grimace de désapprobation. La vidéo du médecin cachant ensuite son visage dans sa main n'a alors pas tardé à faire le tour des réseaux sociaux.

You can spot the exact moment he died inside pic.twitter.com/griTrntI5s

— marv (@mrvndn) March 20, 2020

Thèses complotistes et acharnement de l'alt-right

Si certains l'ont érigé en héros contre la désinformation médicale de la Maison Blanche, Anthony Fauci a également fait l'objet de nombreuses réactions complotistes, l'accusant de faire partie d'une cabale anti-Trump, rapportait le New York Times, samedi 28 mars. Des affirmations fantaisistes, attisées par les partisans du président américain, alors que le docteur Fauci a séduit un large public par sa volonté de corriger les mensonges et minimisations de Donald Trump concernant la pandémie de coronavirus.

Le New York Times a pris soin d'analyser plusieurs messages véhiculés sur Anthony Fauci. Pour la plupart, ces messages venaient de comptes Twitter et Facebook relayant massivement le hashtag #FauciFraud, également alimenté par des déclarations émanant de personnalités conservatrices, et de l'alt-right américaine.

Un acharnement également présent sur YouTube. Des vidéos sur la théorie du complot concernant Anthony Fauci ont accumulé des centaines de milliers de vue au cours de la semaine, explique le New York Times, qui a également relevé l'existence de publications accusatrices sur Facebook, partagées des centaines de fois.

Twitter n'est pas en reste. Un tweet anti-Fauci disait d'ailleurs, mardi, "désolé libéraux, mais nous ne faisons pas confiance au Dr Anthony Fauci."

Sorry liberals but we don't trust Dr. Anthony Fauci... He and Dr. Birx are globalist scientists and wants to study this Wuhan Virus for decades. That's how they get wealthy. They are still making money from the 1980's AIDS.

— Dennis & Laura ???????????????? ︻╦╤─ (@honor_dennis) March 24, 2020

"Les théories du complot peuvent tuer"

Le torrent d'insultes et de mensonges visant à décrédibiliser le docteur Fauci est, selon le New York Times, un exemple des informations hyper partisanes ayant entraîné un décalage dans la façon de penser des Américains.

Ces dernières années, les partisans d'extrême droite de Donald Trump ont régulièrement vilipendé ceux qu'ils considéraient comme s'opposant à eux, à lui.

Anthony Fauci s'est distingué depuis les années 1980 dans le combat contre plusieurs virus, à l'instar du sida ou encore d'Ebola. Celui-ci est l'un des plus grands experts mondiaux des maladies infectieuses.

Par le passé, l'administration Trump n'a eu de cesse de montrer son refus de s'appuyer sur une expertise scientifique, notamment pour les questions relatives au changement climatique. Toutefois, "les campagnes de désinformation pendant une pandémie comportent un danger unique : elles peuvent semer la méfiance envers les responsables de la santé publique alors que conseils et informations demeurent cruciaux", a déclaré Whitney Phillip, professeure d'éthique numérique à l'Université de Syracuse, interrogée par le New York Times. Et d'ajouter : "Ce que cette affaire montrera, c'est que les théories du complot peuvent tuer."