
Alors que l’Afrique fait, pour le moment, partie des continents les moins touchés par la pandémie de Covid-19, les organisations internationales et les associations appellent les États à "se préparer au pire" et à adapter les mesures de lutte contre la maladie au continent africain.
Face à l'épidémie de coronavirus qui se propage en Afrique, de nombreux gouvernements africains ont pris des mesures drastiques : interdiction de rassemblement, fermeture des frontières, des établissements scolaires, des marchés, instauration d'un couvre-feu… Les autorités appellent également la population à respecter les mesures barrières : se laver les mains et respecter une distance de sécurité. "Il y a certains éléments de ces mesures qui sont difficiles à mettre en œuvre en Afrique, quand on sait qu’une bonne partie de la population n’a pas accès à l’eau ni au savon, rappelle Michel Yao, responsable des opérations d'urgence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en Afrique. C’est pour cela que ces mesures doivent être accompagnées d’autres interventions. Dans les quartiers précaires, c’est par exemple s’assurer qu’on mette des points d’eau répartis dans les quartiers, qu’on assure une distribution de savon… Tous ces éléments doivent faire partie d’un plan de réponse. Le plan de réponse à une épidémie doit aussi tenir compte du contexte particulier là où sévit cette épidémie. Ajuster cette réponse-là au contexte africain est indispensable."
De son côté, Nicolas Mouly, membre de l’association ALIMA spécialisée dans l'aide médicale en Afrique, assure : "Les familles dans les pays africains dépendent essentiellement de l’économie informelle et vont devoir trouver des moyens de subsistance pour continuer de vivre normalement." Il préconise donc que ces mesures restrictives soient "accompagnées de mesures économiques et sociales, comme notamment des compensations financières pour les familles qui seront en isolement et qui ne pourront pas continuer de travailler."
Face à cette crise sanitaire, l’OMS a récemment appelé à la mise en place de couloirs humanitaires vers l’Afrique pour acheminer des vivres, des médicaments… "C’est absolument indispensable, confirme Nicolas Mouly, pas seulement pour les médicaments mais également pour le personnel expérimenté qui connait déjà la gestion de ces crises et qui pourra venir en aide aux ministères de la Santé et aux gouvernements. Il faut absolument que ces personnes-là puissent circuler entre les pays." En parallèle, l’OMS et ses partenaires ont créé un fonds de solidarité destiné à soutenir les pays les plus vulnérables, ceux dont le système de santé est particulièrement faible.