
À quelques jours de la Journée des droits des femmes, la bataille autour du féminisme en Esapgne a créé des tensions entre les socialistes et la gauche radicale, alliés au sein du gouvernement de Pedro Sanchez, et qui cherchent tous deux à dominer le puissant mouvement féministe.
La pomme de discorde a été la présentation, mardi 3 mars, du projet de loi sur les violences sexuelles baptisé "seul un oui est un oui" et introduisant la notion de consentement explicite. Défendu par la ministre de l'Égalité et numéro deux du parti Podemos, Irene Montero, ce texte a été retoqué par le ministère de la Justice, dirigé par le socialiste Juan Carlos Campo.
Dans un rapport interne, ce ministère a déploré "les doublons inutiles" avec d'autres lois d'un texte qui ne prévoit pas "les mécanismes nécessaires pour assurer son application" et empiète sur la loi pionnière contre les violences de genre de 2004. De quoi causer la fureur du chef de Podemos et vice-président du gouvernement, Pablo Iglesias, qui est également ... le compagnon d'Irene Montero.
"Derrière les excuses techniques, je crois qu'il y a beaucoup de machistes frustrés", a-t-il lancé avant que le chef de ce parti au Parlement, Pablo Echenique, ne surenchérisse en affirmant que "lorsque des femmes prestigieuses rédigent une loi, il faut qu'un macho vienne dire 'ne t'inquiète pas, je vais t'expliquer comment faire les choses'".
Tentant d'éteindre la polémique, la numéro deux du parti socialiste (PSOE), Adriana Lastra, est montée au créneau pour démentir l'existence de "ministres machistes". "Il y a un gouvernement féministe, du premier au dernier" ministre, a-t-elle assuré.
Considérée comme pionnière depuis l'adoption de la loi de 2004 sur les violences de genre, l'Espagne compte un puissant mouvement féministe qui a fait descendre des centaines de milliers de femmes dans la rue depuis deux ans pour la Journée des droits des femmes le 8 mars.
Pour Cristina Monge, politologue à l'Université de Saragosse, "cette polémique révèle surtout le fait que les socialistes et Podemos "se disputent pour avoir l'hégémonie" au sein du puissant mouvement féministe espagnol".
Depuis son arrivée au pouvoir, le Premier ministre, Pedro Sanchez, a fait du féminisme un des piliers de son action, nommant en 2018 le gouvernement le plus féminin de l'histoire du pays. Il a depuis promu récemment des femmes à la tête des services secrets, de la Garde civile et de trois des quatre vice-présidences de son exécutif.
Avec AFP