Le jeune modéré Pete Buttigieg a annoncé dimanche soir qu'il se retirait de la course à l'investiture démocrate, dans l'intérêt de son parti. Malgré sa victoire en Iowa, le candidat du Midwest n'a pas réussi à faire décoller sa campagne, notamment auprès de l'électorat afro-américain.
En cette veille de Super Tuesday, ils ne sont plus que six candidats à s'affronter aux primaires démocrates. Pete Buttigieg, longtemps resté dans le quatuor de tête et vainqueur des caucus de l'Iowa début février, a déclaré dimanche 1er mars qu'il mettait un terme à sa campagne. Son annonce suit celle du milliardaire Tom Steyer samedi soir.
"Nous devons reconnaître qu'à ce stade de la course, la meilleure façon de rester fidèle à nos objectifs est de se retirer et d'aider à rassembler notre parti et notre pays", a lancé Pete Buttigieg devant ses partisans réunis à South Bend, la petite bourgade de l'Indiana dont il a été maire.
À 38 ans, ce vétéran de l'armée était le benjamin de la course. Marié à un instituteur, il était aussi le premier candidat ouvertement homosexuel à briguer la Maison Blanche. Sa campagne était montée en puissance jusqu'à sa victoire dans l'Iowa début février. Mais l'annonce tardive des résultats de ces caucus, dont l'organisation fut catastrophique, ne lui a pas permis de profiter de l'élan nécessaire pour la suite.
Le vote noir lui a fait défaut
Samedi, en Caroline du Sud, Pete Buttigieg a compris qu'il n'arriverait pas à rallier l'électorat noir, pourtant crucial au Parti démocrate. C'est Joe Biden qui a remporté, haut la main, cet État que l'ancien vice-président connaît si bien. L'annonce de Pete Buttigieg, deux jours avant le vote de 14 États lors du Super Tuesday, est à la fois surprenante et stratégique.
Surprenante car celui qui se voyait comme une alternative à Joe Biden dans le camp modéré, était troisième de la course, avec 26 délégués empochés jusqu'ici. D'autres candidats au score plus faible auraient pu annoncer leur abandon avant lui.
Stratégique car, même si Pete Buttigieg n'a pas donné de consigne de vote dimanche soir, il tente d'éviter d'accroître les chances du socialiste Bernie Sanders, actuel favori des sondages.
Il a aussi coupé l'herbe sous le pied de Michael Bloomberg. Le milliardaire, qui entre officiellement en course mardi, a dégainé un spot publicitaire de trois minutes sur le coronavirus. Mais la nouvelle dont tout le monde parlait dimanche soir sur les chaînes américaines, c'était la fin de la campagne de "Mayor Pete". De fait, la manœuvre avantage Joe Biden, qui redevient le candidat le plus crédible du camp modéré.
Quid des autres candidats ?
L'abandon de Pete Buttigieg pose la question du sort des autres candidats. Que feront Amy Klobuchar, l'autre modérée du Minnesota, et Elizabeth Warren, la progressiste du Massachusetts ? Toutes les deux sont à la peine dans les sondages. Sans parler de Tulsi Gabbard, la candidate de Hawaï dont on n'entend quasiment plus parler.
Lors du Super Tuesday mardi, le bras de fer sera donc entre Joe Biden et Bernie Sanders. Le socialiste compte sur la Californie et le Texas pour conforter son avance. Mais Joe Biden espère rafler la mise dans les États du Sud, dans la lignée de sa victoire en Caroline du Sud. Reste l'inconnue Michael Bloomberg, qui a dépensé sans compter pour décrocher l'investiture en juillet.