L’opposition et les syndicats ont réagi rapidement après l’annonce du recours au 49-3 par Édouard Philippe samedi. Plusieurs manifestations ont eu lieu et deux motions de censure ont été déposées contre le gouvernement à l’Assemblée.
Les réactions à l’annonce d’Édouard Philippe d’avoir recours au 49-3, samedi 29 février, pour faire adopter la réforme des retraites sans vote, ne se sont pas fait attendre. De la CFDT à FO, les syndicats ont dénoncé la manœuvre du gouvernement.
"On déplore que le débat de fond soit encore escamoté, c'est une occasion de perdue", a regretté auprès de l'AFP le négociateur retraites de la CFDT, Frédéric Sève. Pour le secrétaire général du syndicat, Laurent Berger, "le gouvernement vient de faire le choix du 49-3, mais pas encore celui de la justice sociale".
|| COMMUNIQUE DE PRESSE || #retraites 49.3 : la @CFDT
déplore que les débats n’aient pu se tenir jusqu’au bout et continuera à se battre, notamment lors du passage du texte au @Senat , pour imposer les mesures qu'elle réclame !https://t.co/jUyGgsDd7K pic.twitter.com/RL5tbrGaQU
"L'attitude du gouvernement est profondément scandaleuse, et donc il y aura une réaction à la hauteur", a affirmé le leader de la CGT, Philippe Martinez.
L'attitude de l'exécutif "est incompréhensible et inacceptable", a déclaré le numéro un de FO, Yves Veyrier, sur Twitter.
2/6 La situation de crise, relative à l’épidémie de coronavirus, exige au contraire la plus grande solidarité nationale et par voie de conséquence l’apaisement, a fortiori sur un sujet aussi controversé, où le gouvernement est de plus en plus isolé.
— Yves VEYRIER (@YVeyrier) February 29, 20202/6 La situation de crise, relative à l’épidémie de coronavirus, exige au contraire la plus grande solidarité nationale et par voie de conséquence l’apaisement, a fortiori sur un sujet aussi controversé, où le gouvernement est de plus en plus isolé.
— Yves VEYRIER (@YVeyrier) February 29, 2020"Voici venir le temps de la violence institutionnelle avec le 49-3", a cinglé le président de la CFE-CGC, François Hommeril, sur le même réseau social.
Sur Twitter également, la CFTC a regretté "d'en arriver au 49-3" après deux ans de concertation. Mais pour son président Cyril Chabanier, "le combat continue devant le Sénat et l'Assemblée nationale en deuxième lecture [pour] une vraie reconnaissance de la pénibilité" et "des carrières longues".
Selon Solidaires, "la réponse du gouvernement est donc, après le mépris du dialogue social, celle d'un passage en force", "d'un véritable déni de démocratie".
Deux motions de censure contre le gouvernement
Les députés de l’opposition ont eux aussi exprimé leur désaccord face à l’utilisation du 49-3. Les oppositions de gauche et de droite ont chacune déposé une motion de censure contre le gouvernement.
Dans leur texte, les trois groupes de gauche à l'Assemblée (PS, LFI, PCF) ainsi que Jennifer de Temmerman (non-inscrite, ex-LREM), soit 63 députés, dénoncent dans leur motion "un gouvernement qui piétine la procédure parlementaire". "L'héritage du Conseil national de la résistance ne peut ainsi être remis en question [par cette réforme prévoyant un système universel de retraite par points]", proclament-ils aussi.
Un #49al3 utilisé pour censurer toutes les oppositions, triste manière pour la démocratie.
La gauche unie dépose donc une motion de #censure contre ce gouvernement.
La voici : pic.twitter.com/OJIkz6Uvoa
Le texte des Républicains, publié par le président du groupe Damien Abda sur son compte Twitter, dénonce, lui, un "texte extrêmement mal préparé et dont la fragilité juridique est avérée". "La réalité, c’est que le gouvernement s’est embourbé dans une réforme trop coûteuse, très injuste, et tellement complexe qu’elle ne cesse de susciter l’anxiété de nos compatriotes", ajoute-t-il.
Moins d'1h30 après le #49al3 , @lesrepublicains sont les seuls à avoir déposé une motion de censure contre Edouard Philippe.
Ce n’est pas une motion d’obstruction mais de propositions qui nous permettra de défendre notre contre-projet devant les Français. pic.twitter.com/HlnTm32FxV
Les deux textes devraient êtres discutés à l'Assemblée mardi après-midi mais ils n'ont quasi-aucune chance d'être adoptés, les députés LREM étant majoritaires.
Rassemblements à Paris, Lille et Bordeaux
En réaction au recours du 49-3 par le gouvernement, dès le début de soirée samedi, plusieurs centaines de personnes s’étaient retrouvées sur le pont de la Concorde, près de l’Assemblée nationale, pour dire "non au 49-3".
Rassemblement devant l'assemblée nationale contre l'annonce du premier ministre que le gouvernement ferait recours au 49.3 pour faire passer la réforme des retraites. #GreveGenerale #AssembleeNationale #ReformeRetraite pic.twitter.com/jXdpzMNvSd
— Anton Stolper (@AntonStolper) February 29, 2020À Bordeaux, environ 200 personnes, selon la préfecture, ont pris part à un rassemblement spontané qui a déambulé dans des rues du centre-ville. La préfecture a fait état de quelques feux de poubelles, mais pas d'autres incidents, ni heurts.
À Bordeaux, réaction de notre porte-parole à @PhilippePoutou sur l’utilisation du 49.3
« Dans les jours qui vont venir il y aura une riposte »
Via @EnLuttes pic.twitter.com/9vzCxE5dKo
À Lille, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées en soirée devant la préfecture après l'annonce du recours au 49-3. "49-3 on n'en veut pas", "Lille soulève-toi", scandaient-elles, talonnées par de nombreux membres des forces de l'ordre, a constaté une journaliste de l'AFP.
Au Havre, la permanence de campagne d’Édouard Philippe a été taguée et caillassée par des manifestants qui ont laissé éclater leur colère après la décision du Premier ministre de recourir au 49-3.
Avec AFP