
Les Slovaques votent samedi matin pour renouveler leur parlement, avec la volonté commune de réduire la corruption, imputée notamment aux populistes du gouvernement sortant.
Un scrutin pour réduire la corruption. En Slovaquie, les citoyens ont commencé à voter, samedi 29 février, pour renouveler leur parlement dans l'espoir de réduire la corruption, attribuée notamment aux populistes du gouvernement sortant. L'objectif de lutte contre cette corruption est devenu priorité nationale après le meurtre d'un journaliste d'investigation en 2018.
Il y a deux ans, en effet, l'assassinat de Jan Kuciak et de sa fiancée Martina Kusnirova, dont un riche entrepreneur lié à des hommes politiques est accusé d'être commanditaire, a mobilisé l'opinion.
Aussi, la plupart des sondages indiquent-ils que le parti populiste de gauche Smer-SD, actuellement au pouvoir, durement touché, pourrait se retrouver à égalité avec OL'aNO, parti d'opposition de centre droit dont le combat contre la corruption est le principal mot d'ordre.
Un meurtre qui a "reconfiguré toute la scène politique"
Radoslav Stefancik, analyste politique basé à Bratislava, exprime une opinion similaire : "Cette élection traduit avant tout l'aspiration à la décence en politique", dit-il. "Au lieu de manifester dans les rues contre le parti au pouvoir Smer-SD, les gens le feront dans les bureaux de vote", a-t-il dit à l'AFP.
Le double assassinat avait déclenché en 2018 les plus importantes manifestations contre le gouvernement depuis l'époque communiste. Le Premier ministre d'alors, Robert Fico, avait été contraint de démissionner, laissant son poste à un proche, Peter Pellegrini.
Le mouvement d'opinion a également propulsé Zuzana Caputova, une avocate libérale et militante anti-corruption peu connue, à la présidence du pays.
Selon l'analyste politique Grigorij Maseznikov, le meurtre du journaliste "a reconfiguré toute la scène politique, avec l'émergence de nouveaux partis libéraux et démocratiques qui ont immédiatement obtenu du soutien". Celui-ci ajoute que "le scénario le plus probable est la création d'une coalition gouvernementale de centre droit pro-démocratie de six ou même sept partis".
Jurant de partir en guerre contre la démoralisation dès son arrivée au pouvoir, le chef d'OL'aNO, Igor Matovic, semble avoir galvanisé l'indignation du public contre le meurtre de Kuciak et la corruption à haut niveau révélée par l'enquête.
Cet ancien patron de presse de 46 ans, devenu millionnaire par ses propres moyens, a fondé OL'aNO ("Gens ordinaires et personnalités indépendantes"), il y a une dizaine d'années. Il pourrait prendre la tête du gouvernement s'il parvient à unifier une opposition fragmentée.
Montée de l'extrême droite
L'ex-Premier ministre Robert Fico, qui est aujourd'hui encore patron du Smer-SD, a exclu de former une coalition avec le parti d'extrême droite "Notre Slovaquie" (LSNS) de Marian Kotleba. Il a néanmoins fait cause commune avec lui il y a quelques jours au parlement pour voter une loi offrant un treizième mois aux retraités, aussitôt dénoncée comme électoraliste par ses adversaires.
Le LSNS, qui se présente comme un parti anti-élites et affiche son inimitié à l'égard de la minorité Rom, pourrait porter de 10 à 20 le nombre de ses sièges dans la chambre unique.
Son chef Marian Kotleba, 42 ans, ancien gouverneur de la région de Banska Bystrica, est actuellement poursuivi en justice pour incitation à la haine, mais de telles accusations contre lui n'ont jamais abouti dans le passé.
Favorable à la Russie, hostile à l'Union européenne, Marian Kotleba voudrait aussi que la Slovaquie quitte l'Otan.
Les bureaux de vote qui ont ouvert à 6 h (GMT), doivent fermer à 21h. Des sondages sortie des urnes devraient indiquer peu après l'orientation de ce scrutin auquel participent 25 partis politiques. Une petite dizaine devraient entrer au parlement.
Avec AFP