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Le procès de François Fillon et de son épouse a débuté, mercredi, au tribunal correctionnel de Paris. L'ancien Premier ministre est notamment soupçonné d'avoir employé sa femme pendant plusieurs années comme assistante parlementaire, pour des prestations estimées fictives ou surévaluées.

Après un faux départ lundi, le procès sur les soupçons d'emplois fictifs de l'ex-Premier ministre François Fillon et de son épouse Penelope s'est ouvert, mercredi 26 février, à Paris, avec l'examen d'arides points de procédure soulevés par la défense. Les époux Fillon et l'ancien suppléant de François Fillon à l'Assemblée, Marc Joulaud, encourent dix ans de prison et de lourdes amendes.

L'audience a été suspendue peu après 15 h jusqu'à jeudi, pour que le tribunal correctionnel délibère sur deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) plaidées par la défense, portant sur les délais de prescription et le délit de détournement de fonds publics.

Ce procès très attendu avait été reporté de 48 heures quelques minutes après son ouverture, lundi. Le tribunal correctionnel avait fait droit à une demande de renvoi de la défense, qui sollicitait ce report en soutien à la grève des avocats contre la réforme de leur régime autonome de retraite.

"Les preuves seront apportées"

Si les magistrats décidaient de renvoyer l'une de ces QPC à la Cour de cassation, le procès serait automatiquement ajourné. Dans le cas contraire, les prévenus devraient commencer à s'expliquer dès jeudi dans le premier volet de l'affaire, qui avait pulvérisé la campagne présidentielle de François Fillon en 2017 : l'emploi de Penelope Fillon par son époux.

Le candidat de la droite à la présidentielle de 2017 avait quitté la politique sur un échec humiliant au soir du premier tour, après une campagne présidentielle pulvérisée par cette affaire. Reconverti dans la finance, il assure que "les preuves" de la réalité du travail de son épouse, qui fut sa "première et plus importante collaboratrice" dans la Sarthe, "seront apportées".

La justice s'était saisie le jour même des premières révélations d'une longue série, le 25 janvier 2017 dans Le Canard enchaîné.

Deux ans d’enquête

Les juges d'instruction, après plus de deux ans d'enquête, ont acquis la conviction que Penelope Fillon a bénéficié d'emplois "fictifs" d'assistante parlementaire de son mari député et de son suppléant dans la Sarthe, Marc Joulaud.

Une partie des accusations de détournement de fonds publics, complicité ou recel, qui remontent à 1981, sont prescrites. Sur la seule période 1998-2013, plus d'un million d'euros d'argent public ont été "détournés", estiment les enquêteurs.

La pratique des emplois familiaux, interdite dans le sillage du "Penelopegate", était alors légale et répandue. Mais les enquêteurs lancés sur la piste des emplois de Penelope Fillon n'ont guère trouvé de témoignages ou d'archives démontrant la réalité de ses activités d'assistante parlementaire.

Ils n'ont pas davantage été convaincus par les nombreuses pièces versées par la défense afin d'attester du travail accompli, ni par les arguments invoquant la "discrétion" de Penelope Fillon ou son travail essentiellement oral.

La défense, qui plaidera la relaxe, a cité comme témoins trois collaborateurs de longue date de François Fillon, dont la secrétaire qui le suit depuis ses débuts en politique en 1981.

Un emploi "de pure complaisance, sans contrepartie réelle"

Les Fillon sont également poursuivis pour recel et complicité d'abus de biens sociaux, pour l'emploi de "conseiller littéraire" obtenu par Penelope Fillon à la Revue des deux mondes, propriété de Marc Ladreit de Lacharrière, ami de François Fillon, payé 135 000 euros entre 2012 et 2013.

Un emploi "de pure complaisance, sans contrepartie réelle" selon l'accusation, pour lequel le milliardaire a été condamné pour abus de biens sociaux au terme d'une procédure distincte de "plaider-coupable". Ils se voient aussi reprocher des "emplois de complaisance" accordés à deux de leurs enfants lorsque François Fillon était sénateur, et François Fillon la non-déclaration d'un prêt de Marc Ladreit de Lacharrière.

Seule partie civile au procès, l'Assemblée nationale demande plus d'un million d'euros de dommages et intérêts si le tribunal considérait que les emplois sont fictifs. Le procès est prévu pour durer jusqu'au 11 mars.

Avec AFP