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Sarkozy refuse de céder au "chantage" d'Ahmadinejad

Le chef de l'État français a indiqué qu'il refusait de se plier à ce qu'il considère comme un "chantage" de Téhéran. Mardi, le président iranien a affirmé que la libération de Clotilde Reiss dépendait du sort d'Iraniens détenus en France.

AFP - Paris a rejeté mercredi le "chantage" de l'Iran, qui souhaite échanger la liberté de la jeune Française Clotilde Reiss contre celle de prisonniers iraniens en France, marquant un nouveau palier dans la guerre des mots que se livrent les deux pays.

"Il n'y aura pas d'échange et le président iranien le sait bien", a dit Nicolas Sarkozy à France 2 et TF1.

"C'est du chantage (...) Est-ce que vous croyez que je suis un homme à aller échanger l'assassin de (l'ex-Premier ministre iranien) Chapour Bakhtiar contre une jeune étudiante dont le seul crime est de parler la langue de l'Iran et d'aimer la civilisation perse?", a-t-il ajouté dans un entretien réalisé à New York.

La jeune universitaire française de 24 ans a été arrêtée et incarcérée le 1er juillet pour avoir participé à des manifestations post-électorales à Ispahan. Elle a été libérée sous caution mi-août à condition de rester à l'ambassade de France, dans l'attente du jugement la concernant.

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a lié mardi son sort à celui d'Iraniens détenus en France. "Il y a quelques Iraniens qui sont en prison en France depuis des années. Ce sont des prisonniers qui, eux aussi, ont une famille, eux aussi ont un père, une mère", a-t-il dit. Interrogé sur une éventuelle grâce en faveur de Clotilde Reiss, il a remarqué : "Malheureusement nous n'avons vu aucune action du gouvernement français en faveur de ces prisonniers".

Selon plusieurs sources, il pourrait s'agir d'Ali Vakili Rad, condamné en 1994 à Paris pour l'assassinat de l'ex-Premier ministre iranien Chapour Bakhtiar, et de Majid Kakavand, arrêté à la demande des Etats-Unis parce qu'il achetait du matériel sensible sur internet.

Le premier a déjà introduit une demande de remise en liberté. Le second se trouve en liberté sous contrôle judiciaire. Il ne peut quitter la France et attend la décision de la justice sur une demande d'extradition de Washington.

Cette tentative de marchandage de l'Iran surgit après plusieurs mois d'escalade verbale. "Le peuple français mérite mieux que ses dirigeants actuels", a lancé mardi Mahmoud Ahmadinejad en réponse à des propos identiques sur l'Iran tenus le 31 août par Nicolas Sarkozy.

La France est en pointe sur le nucléaire, se déclarant pour une grande fermeté si l'Iran n'arrête pas un programme d'enrichissement à l'évidence, selon elle, à visées militaires.

Les Iraniens "commettraient une tragique erreur", s'ils se dotaient de la bombe atomique, a affirmé mercredi à New York le président français. Il a ajouté que le dialogue entre l'Iran et le groupe des six pays impliqués dans le dossier iranien, qui doit reprendre début octobre, ne pourrait se poursuivre au-delà de la fin de l'année, s'il ne produit pas de progrès.

Paris a par ailleurs très nettement soutenu la contestation en Iran, y compris les réformistes à l'intérieur du régime même.

Les dernières diatribes du président iranien qualifiant l'Holocauste de "mythe" et du guide Ali Khamenei qualifiant Israël de "cancer sioniste" ont été durement condamnées.