logo

Alors que Dominique de Villepin s'est montré très offensif contre Nicolas Sarkozy au premier jour du procès Clearstream, les avocats des différentes parties ont débattu de la légalité de la constitution de partie civile du chef de l'État.

Au premier jour du procès Clearstream, Dominique de Villepin s'est montré très offensif contre le président de la République, dénonçant l'"acharnement d'un homme, Nicolas Sarkozy", alors que lui se retrouve sur le banc des accusés pour un supposé complot contre l'actuel chef de l'État.

Les avocats des deux parties se sont, pour leur part, penchés sur la légalité de la constitution de partie civile de Nicolas Sarkozy. Avocat de Dominique de Villepin, Me Henri Leclerc a appelé à un procès équitable et souligné que la présence du président de la République dans le rang des parties civiles était contraire à "l'égalité des armes". Nicolas Sarkozy "est une partie civile comme les autres", a répondu, de son côté, Me Thierry Herzog, l'avocat du chef de l'État. Il a encore ajouté que "cette affaire n'a pas pour origine une plainte avec constitution de partie civile de Nicolas Sarkozy".
 

Tout commence, en fait, avec des listings d’une banque luxembourgeoise, Clearstream, sur lesquels apparaissent les noms de personnalités suspectées de cacher à l’étranger des fonds provenant de commissions occultes. Parmi eux, figurent deux noms issus du patronyme de Nicolas Sarkozy, Stéphane Bosca et Paul de Nagy.

Ces listings accusateurs ont été transmis sous forme de lettre anonyme, en 2004, au juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke, qui est rapidement arrivé à la conclusion qu’ils avaient été falsifiés.

La justice va devoir déterminer qui est à l’origine de ce complot présumé visant des dizaines de personnes, dont l’actuel président de la république française.

Deux juges d'instruction ont enquêté sur ces mystérieux envois et ont conclu que Dominique de Villepin était l'instigateur principal de la machination, destinée, selon eux, à discréditer le candidat Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2007. Si l’ancien Premier ministre reconnaît avoir lancé des enquêtes sur ces listes lorsqu'il était ministre, il nie catégoriquement avoir ciblé personnellement l’actuel président le la République.

Jusqu'à cinq ans de prison

À l’issue de l’instruction, les juges d’Huy et Pons ont décidé de renvoyer cinq prévenus en correctionnelle. Aux côtés de Dominique de Villepin, se retrouvent l'ancien vice-président d’EADS Jean-Louis Gergorin, l'informaticien soupçonné d’être le falsificateur Imad Lahoud, l'ex-employé d’une société d'audit Florian Bourges, et le journaliste Denis Robert, qui connaît bien la société Clearstream pour avoir enquêté pendant des années sur des supposés blanchiments d’argent au sein de la banque luxembourgeoise.

Pour les faits de "dénonciation calomnieuse", Villepin, Gergorin et Lahoud encourent jusqu'à cinq ans de prison, 375 000 euros d’amende et une possible privation de leurs droits civiques. L’audience, prévue jusqu'au 21 octobre, verra défiler des personnalités du monde politique, notamment l’actuel patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, mais aussi des policiers, des magistrats et des journalistes. Aux côtés de Nicolas Sarkozy, une quarantaine de personnalités – dont le nom figurait sur les fameux listings – se sont portées parties civiles.

Les avocats de Dominique de Villepin contestent la présence de Nicolas Sarkozy en tant que partie civile. Selon eux, la présence d'un président de la République dans une affaire judiciaire va à l'encontre du principe d'équité.