Le corps d'un activiste irakien, Ali al-Lami, impliqué dans le mouvement de contestation en cours dans le pays depuis début octobre, a été retrouvé dans la nuit à Bagdad abattu de trois balles dans la tête. Il s'agit du troisième contestataire assassiné en moins de dix jours en Irak.
La campagne d'intimidation, d'enlèvements et d'assassinats de protestataires semble s'intensifier en Irak. Mercredi 11 décembre, un militant irakien a été retrouvé dans la nuit à Bagdad abattu par trois balles dans la tête, ont indiqué mercredi des sources médicales et policières.
Il s’agit du troisième contestataire assassiné en moins de dix jours dans ce pays en proie depuis plus de deux mois à une révolte inédite contre le pouvoir, qui a déjà fait plus de 450 morts et 20 000 blessés.
Dans la nuit de mardi à mercredi, le corps d'Ali al-Lami, 49 ans, père de cinq enfants, a été retrouvé dans le quartier populaire d'al-Chaab, chez sa sœur, où il s'était installé quelques jours auparavant pour manifester sur la place Tahrir, épicentre de la contestation à Bagdad, a indiqué son ami proche Tayssir al-Atabi.
La victime, originaire de Kout, dans le sud de l'Irak, "a reçu des balles dans la tête, tirées depuis l'arrière", poursuit son ami. "Ce sont les milices du gouvernement corrompu qui l'ont tué", a-t-il accusé alors que les manifestants pointent du doigt les factions armées pro-Iran dans la répression.
Une source policière a précisé que les assaillants avaient muni leurs pistolets de silencieux, tandis que la médecine légale a indiqué qu’Ali al-Lami avait été mortellement touché par trois balles. Sur les réseaux sociaux, peu avant sa mort, il appelait les manifestants au "pacifisme".
Vague d'enlèvements
Ali al-Lami est le troisième protestataire tué depuis le 2 décembre. Ce jour-là, Zahra Ali, 19 ans, qui distribuait des repas sur Tahrir avec son père, était enlevée et retrouvée morte, torturée, quelques heures plus tard. Dimanche, Fahem al-Taï, un père de famille de 53 ans, a été abattu par deux tireurs à moto alors qu'il rentrait chez lui à Kerbala.
Dans cette ville sainte chiite du sud du pays, un autre militant, qui se trouvait avec Fahem al-Taï lorsque les tireurs sont arrivés a été blessé par balles, et un autre a également été blessé quand sa voiture a pris feu, visiblement du fait d'une charge explosive collée sous le véhicule, selon ses proches.
Avant cela, depuis début octobre, plusieurs autres militants ont été retrouvés morts dans différentes ville du pays. En outre, des dizaines de manifestants et de militants ont été enlevés et retenus plus ou moins brièvement par des hommes armés et en uniformes que l'État assure ne pas pouvoir identifier.
Une vague d'enlèvements a eu lieu ces derniers jours après une tuerie à Bagdad provoquée vendredi soir par des hommes armés non identifiés qui ont investi un parking à étages près de la place Tahrir pour en en dégager les contestataires qui l'occupaient depuis plusieurs semaines. Vingt protestataires et quatre policiers ont été tués. Une centaine de personnes ont également été blessées.
Avec AFP