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Bolivie : l'influente Église catholique appelle au "dialogue"

L'Église catholique de Bolivie a convié le gouvernement intérimaire, tous les partis et la société civile à un "dialogue" alors que la colère des manifestants est toujours vive. Dimanche, Jeanine Añez a promis de convoquer des élections.

L'influente Église catholique est sortie de son silence en Bolivie, lundi 18 novembre. En fin de journée, le secrétaire général de la Conférence épiscopale, Mgr Aurelio Pesoa, s'est exprimé devant la presse pour convier le gouvernement intérimaire, tous les partis et la société civile à un "dialogue". "Le dialogue est le chemin le plus approprié pour surmonter les différences entre Boliviens", a-t-il déclaré. Aucune information n'avait filtrée sur cette médiation en fin de soirée.

La tension est toujours vive dans le pays, où 75 % des habitants se disent catholiques, selon un sondage du quotidien Pagina Siete paru en septembre. Les partisans de l'ex-président de gauche bolivien Evo Morales ont manifesté et bloqué des routes, lundi, pour exiger le départ de la présidente par intérim de droite Jeanine Añez.

Quarante-huit heures pour démissionner

Six syndicats de "cocaleros" (cultivateurs et récoltants de coca) de Chapare, près du fief d'Evo Morales, lui ont donné 48 heures samedi soir pour démissionner. Ils ont aussi exigé du pouvoir législatif qu'il approuve une loi "qui garantisse la tenue d'élections nationales d'ici à 90 jours".

Pour se faire entendre, certains manifestants bloquent les routes qui mènent de La Paz (800 000 habitants) aux régions agricoles qui nourrissent la capitale administrative. À El Alto, ville-jumelle de La Paz, ils bloquent la raffinerie de Senkata, provoquant des pénuries dans les stations-service.

Amérindiens, comme Evo Morales, dans leur immense majorité, certains brandissaient la wiphala, la bannière multicolore des indigènes andins. Selon eux, la démission de leur champion a été un "coup d'État".

Décret exemptant les forces de l'ordre de poursuites

"Respectez la vie ! Non aux balles", pouvait-on lire sur une pancarte, en référence à la mort vendredi de neuf cultivateurs de coca à Sacaba, près de Cochabamba (centre), le fief d'Evo Morales, lors de heurts avec la police et l'armée.

La colère des manifestants est alimentée par un décret pris par Jeanine Añez qui exempte de poursuites pénales les forces de l'ordre dans l'exercice de leurs fonctions. Pour certains Boliviens, ce texte s'apparente à un "permis de tuer". Amnesty international a exigé qu'il soit abrogé.

Pour tenter de calmer le jeu, Jeanine Añez a promis qu'elle convoquerait "très vite" des élections présidentielle et législatives "transparentes".

Le nouveau gouvernement doit négocier avec le MAS (Mouvement vers le socialisme) d'Evo Morales, pour organiser les scrutins présidentiel et législatif. Car, selon la Constitution, le Congrès doit désigner six des sept membres du Tribunal suprême électoral. Et les précédents magistrats de l'organe électoral ont été arrêtés pour "irrégularités" lors de la présidentielle.

Le nouveau ministre de l'Intérieur Arturo Murillo a tendu un peu plus le jeu politique en affirmant, sans apporter de preuves, qu'"un groupe criminel veut s'en prendre à la présidente".

"Au lieu de pacifier", s'est indigné sur Twitter Evo Morales depuis son exil mexicain, les nouvelles autorités "ordonnent de diffamer et de réprimer nos frères qui dénoncent le coup d'État".

Au moins 23 personnes ont trouvé la mort dans des violences en un mois de crise, selon la Commission interaméricaine des droits de l'Homme.

Avec AFP