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Accord entre Poutine et Erdogan pour contrôler la frontière turco-syrienne

Les présidents russe et turc se sont accordés, mardi, pour prendre le contrôle en commun de la majeure partie de la frontière turco-syrienne. Ankara a de son côté mis fin à son opération militaire après le retrait des combattants kurdes.

À Sotchi, sur les bords de la mer Noire, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan sont finalement tombés d'accord, mardi 22 octobre, après six heures de négociations. La Turquie et la Russie se sont entendues sur un départ des combattants des Unités de protection du peuple (YPG) d'une zone de 30 km de profondeur le long de la frontière syro-turque, ce qui va permettre d'éviter une reprise de l'offensive des forces d'Ankara, a annoncé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

Quelques heures plus tard, dans la nuit de mardi à mercredi, les États-Unis ont informé la Turquie que le retrait des combattants kurdes de la "zone de sécurité" était terminé, a déclaré le ministère turc de la Défense. Il n'est pas nécessaire à l'heure actuelle de lancer une opération supplémentaire dans le nord-est syrien, a précisé la diplomatie turque dans un communiqué, mettant fin de facto à l'opération militaire démarrée le 9 octobre.

Appel entre Poutine et Assad

Les présidents russe et turc se sont aussi entendus sur le retrait des combattants kurdes des villes de Manbij et Tel Rifaat.

"Le principal objectif de l'opération est d'obtenir le départ des organisations terroristes PKK/YPG de la région et de faciliter le retour des réfugiés syriens", a déclaré Erdogan aux côtés de son homologue russe. "Cette opération garantit aussi l'intégrité territoriale et l'unité politique de la Syrie", a-t-il ajouté.

Vladimir Poutine a téléphoné à son homologue syrien Bachar al-Assad pour l'informer du contenu de l'accord, a fait savoir la présidence syrienne, promettant de poursuivre sa "lutte contre le terrorisme sur le territoire syrien par tous les moyens légitimes".

La Turquie considère la milice kurde syrienne des YPG comme une organisation terroriste liée aux séparatistes kurdes du sud-est de son territoire. Elle souhaite établir une "zone de sécurité" en Syrie, le long de sa frontière, dont les YPG seraient exclues.

Une fois les combattants kurdes partis, les armées russe et turque effectueront des patrouilles conjointes dans le nord de la Syrie, jusqu'à dix kilomètres de la frontière, prévoit l'accord conclu à Sotchi. Les deux pays vont aussi travailler ensemble au retour des réfugiés syriens qui vivent en Turquie, a déclaré Erdogan.

Les Kurdes assurent qu'ils se sont retirés

En annonçant une pause des opérations militaires jeudi dernier sous la pression des États-Unis, le président turc avait donné aux miliciens kurdes jusqu'à 22 h mardi (19 h GMT) pour effectuer leur retrait de la région frontalière, sous peine de reprendre son offensive.

Le commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS), dont les YPG sont la principale composante, a assuré que ses hommes avaient respecté toutes les conditions de la trêve, selon un membre de l'administration américaine.

Accord entre Poutine et Erdogan pour contrôler la frontière turco-syrienne

"Avec cet accord, les Kurdes se retrouvent en porte à faux, ils n’ont pas la possibilité, pour l’instant, d’avoir un territoire, ils seront obligés de quitter cette région. En attendant, l’ONU se demande qui va pouvoir gérer ces Kurdes à l’intérieur de cette zone et le croissant rouge kurde (ONG humanitaire, NDLR) a fait savoir que la situation, pour eux, était catastrophique", explique Karim Hakiki, envoyé spacial de France 24 à Sanliurfa, dans le sud-est de la Turquie.

La Turquie dit vouloir sécuriser les 440 km de frontière avec la Syrie mais son offensive s'est pour l'instant concentrée sur deux localités dans le centre de cette bande de territoire, Ras al-Aïn et Tal Abyad, distantes de 120 km.

À l'occasion d'une rare visite dans la province d'Idlib, près du dernier grand bastion rebelle dans le nord-ouest de la Syrie, le président syrien Bachar al-Assad a qualifié Erdogan de "voleur". "Maintenant il vole notre terre", a-t-il dit, cité par les médias syriens.

Avec Reuters