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La foule défie la police à Hong Kong après l'agression de deux militants

Des milliers de Hongkongais ont bravé dimanche l'interdiction de manifester pour descendre dans les rues, animés par la colère après les violentes agressions dont ont été victimes cette semaine deux militants pro-démocratie.

La police a eu recours aux gaz lacrymogènes et au canon à eau contre une partie des dizaines de milliers de Hongkongais qui manifestaient leur colère, dimanche 20 octobre, après les violentes agressions dont ont été victimes cette semaine deux militants pro-démocratie.

Les autorités avaient interdit le rassemblement organisé à Tsim Sha Tsui, un quartier très densément peuplé, connu pour ses boutiques de luxe et ses hôtels. Elles avaient invoqué des raisons de sécurité, après les violents affrontements entre les forces de l'ordre et la frange la plus radicale des manifestants.

Des dizaines de milliers de personnes ont malgré tout participé à ce rassemblement interdit entendant, pour le vingtième weekend consécutif de manifestations, continuer à faire pression sur le gouvernement local acquis à Pékin.

Selon un scénario classique, la marche s'est déroulée de manière pacifique, jusqu'à ce que de petits groupes de manifestants radicaux, vêtus de noir, jettent des cocktails Molotov sur un poste de police, des stations de métro et des banques chinoises.

La police a alors répliqué avec des tirs de gaz lacrymogène. Un canon, projetant notamment un liquide bleu permettant d'identifier les manifestants, mélangé à une solution poivrée brûlant la peau, a été déployé sur une des artères les plus commerçantes de Hong Kong, Nathan road, où se trouvaient des milliers de manifestants.

Alors qu'ils fuyaient à travers les rues, les protestataires les plus radicaux sont restés pour freiner l'avancée des forces de l'ordre, mettant le feu à des barricades de fortune.

"Plus ils répriment, plus on résiste"

Après l'interdiction par les autorités, début octobre, du port du masque lors des manifestations, Hong Kong a connu une flambée de violences, avec de nombreux actes de vandalisme ciblant des sociétés accusées de soutenir le gouvernement pro-Pékin.

Mais les violentes agressions dont ont été victimes deux militants pro-démocratie cette semaine ont suscité la colère des manifestants.

Mercredi, Jimmy Sham, une des figures du camp pro-démocratie, avait été hospitalisé après avoir été violemment agressé à coups de marteau par des inconnus. Jimmy Sham est le principal porte-parole du Front civil des droits de l'homme (FCDH), une organisation qui prône la non-violence et a été à l'origine des plus grandes manifestations pacifiques de ces derniers mois.

Samedi soir, c'est un homme de 19 ans, distribuant des tracts appelant à manifester, qui a été grièvement blessé par un assaillant qui l'a poignardé au cou et à l'abdomen.

Dès lors, une marée humaine a envahi dimanche les rues de Hong Kong, les participants entendant montrer que ces attaques n'ont pas entamé leur détermination. "Plus ils répriment, plus on résiste", a déclaré à l'AFP une manifestante de 69 ans, n'acceptant de livrer que son nom de famille, Yeung.

Intensification des violences

Entre les deux camps, pro-démocratie comme pro-Pékin, la violence s'est intensifiée, accentuant le clivage idéologique. Au cours des dernières semaines, des militants pro-démocratie ont passé à tabac des personnes qui avaient oralement exprimé leur désaccord avec leur mouvement.

Ces attaques se sont généralement produites au cours de manifestations, des participants en colère s'en prenant à des personnes ne partageant pas leurs convictions.

Depuis la mi-août, huit figures du mouvement, parmi lesquelles des personnalités politiques, ont été agressées par des inconnus. Il s'agissait d'attaques plus ciblées, qualifiées de "terreur blanche" par les manifestants qui accusent les groupes de criminels organisés de former une alliance avec les partisans de Pékin.

Pour le régime chinois, ces manifestations sont le résultat d'un complot des services occidentaux destiné à imposer par la force la démocratie au territoire autonome.

Avec AFP