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Des accompagnatrices voilées écartées d'une sortie scolaire dans une caserne de pompiers

Les pompiers de la caserne de Creil ont refusé, lundi, une visite scolaire car deux accompagnatrices portaient un voile. Le Service départemental d'incendie et de secours de l'Oise évoque une "erreur d'interprétation" et prône l'apaisement.

Des écoliers devaient visiter lundi 14   octobre le Centre de secours principal de Creil, au nord de Paris, mais deux accompagnatrices voilées se sont vu refuser l'accès à la caserne par un officier, ce qui a entraîné l'annulation de la visite.

Elles étaient "habillées d'un voile simple, un hijab", a déclaré à l'AFP Éric de Valroger, président du Service départemental d'incendie et de secours (SDIS), confirmant une information du Parisien. Il avait dans un premier temps indiqué que l'une d'elles portait "un tchador", avec "le visage non dissimulé".

"L'officier pensait bien faire, son objectif était d'appliquer la loi, de bonne foi", a souligné Éric de Valroger. "Je pense que c'est une erreur d'interprétation".

"Abasourdie"

L'une des dames voilées, âgée de 36   ans et mère de deux enfants, avait contesté auprès des pompiers leur décision, dont elle s'est dite "choquée". "Je ne m'y attendais pas, j'étais abasourdie", a-t-elle confié à l'AFP, expliquant avoir "pris sur (s)on temps libre" pour accompagner la sortie, "à la demande de l'école, qui manquait d'accompagnateurs". Outre son voile, elle précise qu'elle était "en pantalon et veste".

La trentenaire a ensuite fait part de sa mésaventure dans un message posté sur un groupe privé sur Facebook, qui a rapidement circulé sur les réseaux sociaux. "Je souhaitais dénoncer un dérapage, une injustice et éviter que ça se reproduise. Mais je ne critique pas les sapeurs pompiers, j'ai une haute estime d'eux et de leur travail". Elle a tenu à se distinguer des appels au boycott des ventes des calendriers de pompiers qui ont fleuri sur internet.

L'officier a présenté ses excuses

"Depuis, il y a eu des discussions entre cette dame et l'officier, qui a présenté ses excuses. Les choses se sont apaisées", a annoncé Éric de Valroger, également vice-président LR du Conseil départemental de l'Oise. "Je ne prendrai pas de sanction contre cet officier".

Il a également précisé qu'un peu plus tôt lundi, une autre classe du même établissement scolaire avait pu effectuer la visite de la caserne mais qu'une de leurs accompagnatrices, portant un "tchador", s'était vu refuser l'accès. Elle n'avait pas contesté cette décision et la visite scolaire s'était déroulée normalement, sans elle.

Ces incidents surviennent alors que, depuis plusieurs jours, l'exécutif se divise sur le cas des mères voilées accompagnatrices lors de sorties scolaires, entre ceux pour qui porter le foulard à cette occasion n'est "pas souhaitable" et ceux qui plaident pour "l'inclusion" de ces femmes.

Si la loi de 2004 sur les signes religieux interdit aux élèves des écoles, des collèges et des lycées publics de porter des "signes" et des "tenues qui manifestent ostensiblement une appartenance religieuse", les mères accompagnatrices voilées ne sont pas concernées par cette interdiction. .

Elle "ne s’applique pas aux parents d’élèves, elle ne s’applique pas non plus aux étudiants, c’est la loi", a ainsi précisé le Premier ministre, Édouard Philippe, mardi à l’Assemblée nationale. "On peut donc porter un voile quand on accompagne une sortie scolaire, mais on n’a pas le droit de faire du prosélytisme, et les autorités peuvent et doivent intervenir si tel est le cas. Voilà l’état du droit", a-t-il précisé, sous les applaudissements de sa majorité.

Avec AFP