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Burkina Faso : de 10 à 20 ans de prison pour les meneurs du putsch manqué de 2015

Accusés d'être les cerveaux du coup d'État manqué de 2015 au Burkina Faso, les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé ont été condamnés lundi respectivement à 20 ans et 10 ans de prison ferme par le tribunal militaire de Ouagadougou.

Les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, accusés d'être les cerveaux du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina Faso, ont été condamnés à des peines de 20 ans et 10 ans de prison, lundi 2 septembre, par le tribunal militaire de Ouagadougou. D'autres militaires y ayant pris part ont également été condamnés à de la prison ferme.

Gilbert Diendéré, ancien bras droit de l'ex-président Blaise Compaoré, a été reconnu coupable d'"attentat à la sûreté de l'État" et de "meurtre", et condamné à 20 ans de prison ferme, selon le verdict lu par le tribunal. Il était également ancien patron du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), garde prétorienne assurant la protection du président Compaoré.

Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères, a été reconnu coupable de "trahison" et condamné à 10 ans d'emprisonnement.

La dizaine de militaires membres du commando qui avait arrêté les membres du gouvernement de transition pendant ce coup de force raté ont aussi été condamnés : 19 ans de prison pour l'adjudant-chef Éloi Badiel, considéré comme le chef des opérations du putsch, 17 ans pour l'adjudant-chef Nébie, dit "Rambo", qui avait reconnu avoir mené le groupe, et 15 ans pour les autres.

Le lieutenant-colonel Mamadou Bamba, qui avait lu à la télévision le communiqué des putschistes, a été condamné à 10 ans de prison dont 5 avec sursis.

Procès marathon

Les peines prononcées par le tribunal militaire sont inférieures aux réquisitions du parquet, qui avait demandé la prison à vie pour Diendéré et Bassolé, et 25 ans contre les membres du commando. Les avocats des deux généraux avaient plaidé l'acquittement, estimant que le procès n'a prouvé ni la culpabilité ni l'implication précise des deux hommes.

Le verdict met un terme à ce procès marathon, hors-norme, qui jugeait au total 84 accusés, dont six ont finalement été acquittés.

Le 16 septembre 2015, des soldats du RSP avaient tenté de renverser le gouvernement de transition au pouvoir, sans succès. Ce dernier avait été mis en place après la chute de Blaise Compaoré, chassé le 31 octobre 2014 par une insurrection populaire après 27 ans au pouvoir. Le coup de force du RSP contre le retour à la démocratie avait été mis en échec une douzaine de jours après par la population et des unités loyalistes de l'armée, au prix de 14 morts et 270 blessés.

L'issue du procès pourrait permettre, selon les observateurs, d'amorcer un début de réconciliation au Burkina, toujours divisé depuis la chute de Blaise Compaoré, en vue de l'élection présidentielle de 2020, et de ressouder les liens au sein de l'armée, fortement ébranlée par le putsch manqué et dont la hiérarchie a largement été mise en cause.

Beaucoup d'acteurs politiques et civils ont appelé à une "réintégration" des officiers de l'ex-RSP dissous après le putsch, qui disposait de la première unité spéciale antiterroriste du pays, pour lutter contre les groupes jihadistes qui ont multiplié les attaques dans le pays depuis 2015, faisant plus de 500 morts. 

Avec AFP