Les dirigeants des pays du G7 ont annoncé lundi débloquer "immédiatement" une aide d'urgence d'au moins 20 millions de dollars pour soutenir les pays touchés par les incendies qui ravagent l'Amazonie, notamment pour envoyer des avions bombardiers.
Le G7, réuni à Biarritz, a promis lundi 26 août de débloquer d'urgence une aide d'au moins 20 millions de dollars (18 millions d'euros) pour lutter contre les incendies en Amazonie. Elle servira notamment à envoyer des avions bombardiers d'eau et sera allouée "immédiatement", selon le président français Emmanuel Macron.
Outre l'envoi d'une flotte contre les flammes, à laquelle la France apportera un appui militaire de ses forces en Guyane, le G7 est tombé d'accord pour un plan d'aide destiné à la reforestation, au niveau de l'ONU, qui doit être finalisé au cours de l'Assemblée générale des Nations unies fin septembre.
Cette "initiative pour l'Amazonie" requerra l'accord du Brésil et des huit autres États amazoniens, en lien avec les ONG et les populations locales. "Les pays d'Amazonie ont besoin d'urgence de brigades de sapeurs-pompiers et d'avions spécialisés bombardiers d'eau" a déclaré le président chilien Sebastian Pinera, invité du G7.
Londres promet 10 millions de livres
Ces décisions, annoncées par les deux hommes, traduisent la volonté du président français de faire de l'Amazonie une priorité du G7, au point d'en faire un test sur son efficacité. "La deuxième étape, sur laquelle nous nous sommes mis d'accord avec les pays d'Amazonie, sera dans le cadre de la prochaine Assemblée générale de l'ONU, pour mettre en œuvre une phase qui consiste à protéger les forêts, la biodiversité et reboiser ces régions du monde", a ajouté Sebastian Pinera.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a promis lundi une aide de 10 millions de livres pour aider à la reforestation de la forêt d'Amazonie.
Présent au G7, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a d'ailleurs appelé lundi la communauté internationale à se mobiliser plus fortement. "J'espère qu'on puisse mobiliser bien plus de ressources pour aider les pays de l'Amazonie", a déclaré Antonio Guterres.
Un statut international à l'Amazonie ?
Le président français s'est même interrogé sur l'opportunité de conférer un statut international à la forêt amazonienne, au cas où les dirigeants de la région prennent des décisions nuisibles pour la planète. Une allusion claire au président brésilien qui a accusé Emmanuel Macron de mentalité "colonialiste" pour réclamer une action internationale, dans une passe d'armes intense qui a inclus des attaques de Jair Bolsonaro à la Première dame française, Brigitte Macron.
Associations et ONG ont soulevé la question de définir un statut international pour l'Amazonie. "Ce n'est pas le cadre de l'initiative que nous prenons mais c'est une vraie question qui se pose, si un État souverain prenait de manière concrète des mesures qui d'évidence s'opposent à l'intérêt de toute la planète", a expliqué Emmanuel Macron. "Les échanges entre les présidents Pinera et Bolsonaro ne vont pas en ce sens, je crois qu'il a conscience de ce sujet. En tout cas je veux vivre sur cet espoir", a-t-il lancé, laissant entendre que président brésilien ne s'opposerait pas à l'envoi d'avions bombardiers d'eau, grâce à la médiation chilienne.
Mais un tel statut "est un chemin qui reste ouvert qui continuera de prospérer dans les prochains mois et années, car l'enjeu est tel sur plan climatique qu'on ne peut pas dire 'ce n'est que mon problème'. Et c'est la même chose pour ceux qui ont sur leur territoire des espaces glaciaires ou qui ont un impact sur l'intégralité du monde". Le président français a cependant assuré avoir bâti l'initiative qui sera proposée à l'ONU "pour respecter la souveraineté de chaque pays".
Près de 80 000 feux de forêt au Brésil
Emmanuel Macron a par ailleurs rencontré lundi soir le cacique Raoni, figure de la lutte contre la déforestation en Amazonie. Ce dernier l'a annoncé lors d'une conférence de presse à Bidart, près de Biarritz. "J'ai demandé au président Macron qu'il nous aide à préserver nos terres", a-t-il affirmé. "Il va convaincre les chefs d'État d'aider l'Amazonie avec les incendies et l'état critique de la forêt", a-t-il ajouté.
De son côté, le ministre brésilien de la Défense a affirmé lundi que les incendies étaient "sous contrôle". La situation "a été un peu exagérée," a ajouté Fernando Azevedo e Silva, qui a affirmé devant des journalistes à la sortie d'une réunion avec le président Jair Bolsonaro que le Brésil avait connu certaines années des "pics d'incendies beaucoup plus graves". Il a cependant pointé une situation "un peu préoccupante" dans trois États du pays, dont celui de Rondônia, frontalier de la Bolivie.
Près de 80 000 feux de forêt ont été répertoriés au Brésil depuis le début de l'année, dont un peu plus de la moitié en Amazonie. Sous la pression internationale, le Brésil a fini par entrer en action dimanche en Amazonie en envoyant notamment deux avions C-130 Hercules.
Avec Reuters et AFP