Le président italien Sergio Mattarella démarre, mercredi, ses consultations auprès des différentes formations politiques, afin de constituer un nouveau gouvernement, après la fin de la coalition entre la Ligue et le Mouvement 5 Étoiles.
L'Italie rentre dans une nouvelle période d'incertitude, après la fin de la coalition entre la Ligue et le Mouvement 5 Étoiles (M5S). La classe politique défilera à compter de mercredi 21 août au palais du Quirinal, résidence officielle du président Sergio Mattarella, où diverses formations proposeront la constitution d'un nouveau gouvernement.
Le président, qui dans le système parlementaire italien détient les clefs pour le dénouement de la crise, initiera dès 16 h ses traditionnelles "consultations" par un appel téléphonique à son prédécesseur, Giorgio Napolitano.
Il recevra ensuite, sur deux jours, les présidents du Sénat et de la Chambre des députés puis tous les groupes parlementaires, en terminant jeudi par le plus important numériquement, celui du M5S, fort de sa victoire aux législatives de 2018 avec plus de 32 % des voix.
"La voie royale"
Car, peu importe si aujourd'hui le chef de la Ligue, Matteo Salvini, représente théoriquement dans les sondages 36 à 38 % des voix et le M5S seulement 15 ou 16 %. Au Parlement, ses sièges ne valent que pour les 17 % recueillis à l'époque.
Qualifié d'"irresponsable" et d'"opportuniste" mardi au Sénat par le Premier ministre sortant Giuseppe Conte, Matteo Salvini a maintenu sa ligne : il réclamera au président "la voie royale" du retour aux urnes car "en démocratie la chose la plus belle c'est voter".
Le chef du parti d'extrême droite a plongé l'Italie dans la crise le 8 août en rompant, sans crier gare, un mariage mal assorti conclu 14 mois plus tôt avec le M5S, qu'il a accusé de s'opposer systématiquement à ses projets économiques, et en réclamant des élections immédiates.
Le président Mattarella dispose d'une série d'options, y compris en dernier ressort, si aucune majorité n'émerge, celle d'un scrutin anticipé. Mais il est notoirement réticent à cette idée car il serait organisé à l'automne, au moment où le pays, lourdement endettée et à l'arrêt, devra présenter à la Commission européenne son projet de budget pour 2020.
"Ouvrir une nouvelle page"
Il écoutera les propositions des uns et des autres puis prendra une décision, peut-être pas avant vendredi. D'ici là, le Parti démocrate a fait savoir, par la bouche de son ex-Premier ministre Matteo Renzi, qu'il comptait approfondir son idée d'une alliance avec le M5S, pour former un gouvernement "institutionnel", qui pourrait être mené de nouveau par Giuseppe Conte.
"J'espère qu'avec la défaite de Salvini, nous pourrons ouvrir une nouvelle page pour l'Italie", a déclaré Matteo Renzi, interviewé par l'AFP. "L'accord entre le M5S et le PD peut être une solution", en dépit des fortes inimitiés du passé, car "le plus important c'est la sécurité financière de l'Italie", a-t-il affirmé.
Problème : ce projet ne fait pas consensus au sein du PD, le chef du parti Nicola Zingaretti étant plus réticent que Matteo Renzi. Il a ainsi rappelé à Giuseppe Conte qu'il avait accepté sans sciller, ces derniers mois, le durcissement sécuritaire contre les migrants et les ONG qui les aident, impulsé par Matteo Salvini. Le parti démocrate réunira son état-major mercredi à partir de 11 h.
Vers un "gouvernement Ursula" ?
Autre hypothèse proposée par l'ancien Premier ministre et ex-président de la Commission européenne Romano Prodi, une large coalition gauche-droite à l'allemande, résolument pro-européenne, qu'il a baptisée "gouvernement Ursula". Là encore, aucune certitude sur une telle alliance, qui inclurait le parti Forza Italia de Silvio Berlusconi.
L'ancien président du Parlement européen Antonio Tajani, un proche de Silvio Berlusconi, l'a jugé "impossible", dans un entretien à l'AFP, lui préférant une union de la droite derrière "une même vision libérale".
De son côté, Matteo Salvini avait déjà proposé une alliance à Silvio Berlusconi et à la formation d'ultra-droite des Frères d'Italie, recueillant ainsi plus de 50 % des intentions de vote, et donc une majorité écrasante et inédite. Mais l'opération avait avorté car l'ex-président du Conseil voulait une liste unique et Silvio Berlusconi redoutait une disparition de Forza Italia.
Avec AFP