Quelques heures après la 22e manifestation anti-régime, ce sont des supporters en liesse qui ont rempli les rues d'Alger pour célébrer la victoire des Fennecs en finale de la CAN-2019. Au Sénégal en revanche, la fête n'a pas eu lieu.
"Je suis épuisé, j'ai manifesté toute la journée, mais je vais faire la fête toute la nuit" : comme Idir, 30 ans, des dizaines de milliers d'Algériens ont célébré en liesse la victoire des Fennecs à la Coupe d'Afrique des nations, vendredi soir, après une nouvelle journée de manifestation anti-régime.
Les avenues du cœur de la capitale algérienne, pleines tout l'après-midi, sous un soleil de plomb, de manifestants qui défilent chaque vendredi depuis cinq mois pour réclamer le départ du régime, s'étaient vidées en fin de journée pour laisser place au match.
Les protestataires avaient rejoint les fan-zones, les cafés, voire des écrans improvisés dans la rue.
Au coup de sifflet final, les rues ont à nouveau été prises d'assaut par une foule en liesse, au son des klaxons, des youyous, des vuvuzelas et des feux d'artifices zébrant le ciel sans interruption, à la lumières des fumigènes.
Et c'est parti pour une longue nuit de folie #Alger pic.twitter.com/8I7wsBs8k7
Madjid Zerrouky (@madjze) July 19, 2019Coincées au milieu de la foule, des voitures couvertes du drapeau algérien ont fait retentir leurs klaxons en signe de joie. Même les nombreux scooters chevauchés par les jeunes Algérois avaient du mal à se frayer un chemin dans la foule compacte, où de nombreux jeunes portaient le maillot de l'équipe nationale.
"One, two, three, viva l'Algérie", chantait la foule en chœur. Hommes, femmes et enfants de tous âges, jeunes et vieux mélangés, certains en larmes, riaient et dansaient, dans une ambiance festive et bon enfant.
Les policiers observaient de loin, leurs véhicules garés devant la Grande Poste, gyrophares bleus tournant.
Tristesse à Dakar
Au Sénégal, évidemment, l’ambiance était tout autre : "Nous aimons le foot, mais le foot ne nous aime pas", se désolait une jeune supportrice au coup de sifflet final.
Plongées dans un silence de cathédrale pendant une première période insipide, les fan-zones de Dakar se sont bien à nouveau animées après la mi-temps, lorsque les Lions ont sonné la révolte. En vain.
La place de la Nation, dans le quartier populaire de Colobane, avait été transformée en fan-zone dotée de trois écrans géants et d'un large podium, où des groupes populaires devaient animer la nuit dakaroise.
Dans un pays fan de foot mais toujours en quête de son premier trophée, les villes s'étaient mises sur leur 31 pour soutenir l'équipe nationale. "Nous avons nettoyé le quartier", sourit une collégienne dakaroise, Adama Samb. Autour d'elle, dans les rues populaires du quartier de Bopp, les banderoles, poteaux électriques, troncs des arbres bordant les rues, et même les chaussées et trottoirs, repeints pendant la nuit, arboraient les couleurs vert-jaune-rouge du drapeau national.
À Kolda (sud), en Haute-Casamance d'où est originaire la star Sadio Mané, comme à Saint-Louis (nord), fief de l'ailier de Rennes Ismaïla Sarr, la même fièvre et les mêmes couleurs avaient envahi les rues, selon des correspondants de l'AFP. Tout était prêt pour faire la fête. Jusqu'à cette maudite 79e seconde...
Avec AFP