
Le Sénat de l'État de l'Alabama a adopté le projet de loi le plus restrictif des États-Unis sur l'avortement, prévoyant notamment de lourdes peines de prison pour les médecins pratiquant des interruptions volontaires de grossesse.
En Alabama, l’avortement devrait désormais être interdit sauf en cas d'urgence vitale pour la mère ou d'anomalie létale du foetus. Le Sénat républicain de cet État du sud des États-Unis a adopté, mardi 14 mai, un projet de loi prévoyant notamment de lourdes peines de prison – de 10 à 99 ans – pour les médecins pratiquant des interruptions volontaires de grossesse. Le texte ne prévoit pas d'exception en cas de viol ou d'inceste.
Il a été ratifié mercredi soir par la gouverneure, Kay Ivey, qui a notamment expliqué dans un communiqué que "toute vie est un cadeau sacré de Dieu". La mesure doit prendre en effet dans six mois.
Un combat entre pro et anti avortement
L'Association de défense des droits civiques (ACLU) a annoncé son intention d'aller en justice pour empêcher l'application de ce texte. L'objectif avoué des promoteurs du texte est de se retrouver devant la Cour suprême des États-Unis pour la convaincre de revenir sur sa décision emblématique de 1973 "Roe v. Wade", qui a reconnu le droit des femmes à avorter tant que le foetus n'est pas viable. Les conservateurs misent sur la nouvelle composition de la Cour suprême, où les juges progressistes sont en minorité depuis l'arrivée de deux magistrats choisis par le président Donald Trump.
"Vous venez de violer vous-même l'État de l'Alabama", a déclaré Bobby Singleton, membre démocrate du Sénat, après le rejet par les sénateurs d'un amendement demandant des exceptions à l'interdiction de l'avortement. "Vous dites à ma fille : tu ne comptes pas dans l'État de l'Alabama... Les hommes peuvent te violer et tu auras ce bébé si tu tombes enceinte", a-t-il ajouté, la voix parfois tremblante d'émotion.
Des mesures comparables dans d'autres États
Le projet de loi avait été adopté début mai par la Chambre des représentants de l'Alabama. Il est particulièrement répressif mais 28 États américains ont introduit plus de 300 nouvelles règles depuis le début de l'année, afin de limiter l'accès à l'avortement, selon un décompte de l'Institut Guttmacher, qui défend le droit des femmes à l'IVG.
Le Kentucky et le Mississippi ont ainsi interdit les avortements dès que les battements du cœur du foetus sont détectables, soit environ à la sixième semaine de grossesse. Des mesures comparables sont en passe d'adoption en Géorgie, Ohio, Missouri et Tennessee. Un juge a bloqué la mise en œuvre de la loi du Kentucky, celle du Mississippi doit entrer en vigueur en juillet.
Avec AFP