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Le sultan de Brunei dit vouloir épargner la peine de mort aux homosexuels

Fortement critiqué ces dernières semaines, le sultan de Brunei a affirmé, dimanche, qu'il étendra le moratoire sur la peine capitale aux condamnations à mort en cas d'homosexualité et d'adultère instaurées dans le cadre de la charia.

Le sultan de Brunei, Hassanal Bolkiah, a voulu apaiser les critiques, dimanche 5 mai, en s'exprimant publiquement sur la nouvelle législation d'inspiration islamique entrée en vigueur en avril.

Hassanal Bolkiah a déclaré que le moratoire sur la peine capitale s'appliquerait aussi pour les condamnations à mort par lapidation en cas d'homosexualité et d'adultère, dont l'instauration dans le cadre de la charia a suscité l'indignation internationale.

Dans un discours télévisé avant le début du mois de jeûne musulman de ramadan, le sultan a déclaré : "Je suis conscient qu'il y a beaucoup de questions et de mauvaises perceptions à propos de la mise en place" du nouveau code pénal.

"Comme il est évident depuis plus de deux décennies, nous avons pratiqué un moratoire de fait sur l'exécution de la peine capitale pour les affaires jugées dans le cadre du Code civil", a-t-il poursuivi. "Cela s'appliquera aussi aux affaires jugées dans le cadre (du nouveau code pénal islamique)."

Le nouveau code, qui prévoit aussi l'amputation d'une main ou d'un pied pour les voleurs dans ce petit pays de l'île de Bornéo, a déclenché la réprobation de personnalités comme l'acteur George Clooney, de l'ONU, d'ONG et de nombreux gouvernements.

Aucune exécution depuis plusieurs décennies

Brunei, à la population majoritairement musulmane, dispose d'un double système judiciaire, avec d'une part des tribunaux civils et de l'autre des tribunaux islamiques, qui traitent notamment d'affaires de mariage et d'héritage.

Certains crimes pouvaient déjà être punis de la mort par pendaison dans le cadre du Code civil, mais Brunei n'a procédé à aucune exécution depuis plusieurs décennies, et les déclarations du sultan suggèrent que cela ne changera pas avec l'introduction du code islamique.

Le viol et le vol sont aussi passibles de peine de mort selon le code islamique, qui prévoit en outre que la peine capitale pour insulte au prophète Mahomet s'appliquera aux musulmans comme aux non musulmans.

Le sultan, l'une des plus grandes fortunes au monde, avait annoncé dès 2013 l'application progressive de la charia. De premières dispositions avaient été introduites dès 2014 avec des amendes ou des peines de prison pour exhibitionnisme ou manquement à la prière du vendredi.

Face aux critiques, les peines les plus sévères avaient été repoussées, avant d'entrer finalement en vigueur en avril.

Avec AFP