Denis Baupin est absent du procès en diffamation qu'il intente contre Mediapart, France Inter et plusieurs femmes l'accusant d'agression et de harcèlement sexuel. Les audiences se tiennent au tribunal correctionnel de Paris jusqu'au 8 février.
L'affaire Denis Baupin s'est ouverte devant le tribunal correctionnel de Paris, lundi 4 février. Ce n'est pas le procès pour agression et harcèlement de l'ancien député EELV, et ancien vice-président de l'Assemblée nationale, mais à l'inverse, le procès de ces accusatrices pour diffamation. Sur le banc des accusés ont été convoquées Isabelle Attard, Annie Lahmer, Elen Debost et Sandrine Rousseau, qui ont étayé de leurs témoignages les articles et le dossier judiciaire pour agressions et harcèlement. Sont également poursuivis pour diffamation les deux médias (France Inter et Médiapart) qui ont fait connaître l'affaire en mai 2016. Du côté de l'accusation, Denis Baupin n'a pas jugé utile de faire le déplacement en personne.
"Mon client a dit tout ce qu'il avait à dire aux enquêteurs, il n'a jamais été poursuivi, il a été détruit par cette affaire", a déclaré à l'AFP son avocat, Me Emmanuel Pierrat. "Nous attaquons des médias qui ont totalement manqué de prudence, qui ont diffusé de fausses informations au mépris total de la présomption d'innocence", a-t-il ajouté, répétant qu'il ne s'agissait pas de "faire le procès de Denis Baupin".
Reprise de l'audience, les demandes de la défense (la venue de Denis Baupin) sont déclarées irrecevables. "Mais le tribunal préfère quand toutes les parties sont là, c'est une évidence", note le président.
Marie Barbier (@Mar_Barbier) 4 février 2019C'est pourtant bien l'intention de certains mis en cause. "C'est le premier grand procès de l'ère #MeToo en France. C'est un procès qu'il nous fait mais nous allons le retourner", a déclaré à l'AFP le directeur de publication du site d'informations Médiapart, Edwy Plenel. "Nous avons totalement respecté le droit de la presse. Denis Baupin et son avocat ont essayé d'étouffer la vérité. Aujourd'hui, il poursuit les victimes, toutes ces femmes, pour continuer à les impressionner, au lieu de se remettre en cause", a poursuivi le journaliste.
Cette affaire n'avait pas vocation à arriver devant le tribunal. Car après 10 mois d'investigations, le parquet de Paris avait classé sans suite son enquête en mars 2017, considérant que si "les faits dénoncés, aux termes de déclarations mesurées, constantes et corroborées par des témoignages, sont pour certains d'entre eux susceptibles d'être qualifiés pénalement (...), ils sont cependant prescrits".
La justice s'était saisie le 10 mai 2016, au lendemain des accusations lancées par huit femmes - quatre anonymes et quatre élues écologistes : Isabelle Attard, Annie Lahmer, Elen Debost et Sandrine Rousseau, contre l'élu écologiste (EELV) sur Mediapart et France Inter. Denis Baupin, alors vice-président de l'Assemblée nationale, avait nié farouchement ces allégations, en arguant de "jeux de séduction" entre "adultes".
Les premières révélations de Mediapart et de France Inter avaient créé une onde de choc au sein du parti écologiste et relancé la question de la loi du silence en politique. Agressions sexuelles, SMS insistants, gestes déplacés, à l'époque le récit de ces huit premières femmes avait libéré la parole : au total, quatorze s'étaient confiées dans les médias.
Présentes au tribunal, les quatre élues écologistes, dont certaines ont quitté la vie politique depuis cette affaire, sont déterminées à témoigner à nouveau. Le procès doit se tenir jusqu'à vendredi.
Avec AFP