logo

Grand débat national : Emmanuel Macron face aux maires ultramarins

Emmanuel Macron a rencontré vendredi des élus des Antilles, de La Réunion, de Mayotte et de Guyane. Il a été interpellé sur des thématiques proches de celles des Gilets jaunes, comme le pouvoir d'achat ou l’accès aux services publics.

Après les maires de métropole, Emmanuel Macron a rencontré vendredi 1er février à l'Élysée les maires ultramarins dans le cadre du "grand débat national". Une centaine d’élus des Antilles, de La Réunion, de Mayotte ou de Guyane ont interpellé le président sur les nombreux problèmes des territoires d’Outre-mer.

Les édiles des trois territoires du Pacifique (Polynésie, Nouvelle-Calédonie et Wallis et Futuna) n'étaient pas conviés à cette rencontre, l’État n’y exerçant pas de responsabilité économique et sociale.

"On ne peut pas dire qu'on n'a rien fait au fil des années" mais "à chaque fois on fait le même constat et ce sont les mêmes problèmes qui reviennent : pouvoir d'achat, logement, santé, sécurité, immigration", a résumé Marie-Luce Penchard, maire de Basse-Terre en Guadeloupe.

La crise liée au mouvement des Gilets jaunes est "très grave et très profonde", a souligné Emmanuel Macron en introduisant le débat. Mais, a-t-il précisé, les territoires ultramarins n'ont pas "tous été touchés de la même façon par ce mécontentement".

Jusqu'à présent, les Gilets jaunes ont en effet peu mobilisé, même si plusieurs mouvements sociaux (aux Antilles en 2009, en Guyane en 2017, à Mayotte en 2018), avaient déjà reflété l'exaspération de la population. Seule La Réunion a connu son mouvement de Gilets jaunes, qui ont bloqué l'île pendant quinze jours en décembre, pour dénoncer la vie chère et les inégalités sociales.

Sargasses et vie chère

Ainsi, des maires antillais ont réclamé le classement en catastrophe naturelle pour se faire indemniser par les assurances les dégâts causés par les sargasses, ces algues brunes aux émanations toxiques qui s'échouent sur les plages. Mais le président a rappelé une nouvelle fois "qu'on ne parle plus de risque quand ça devient annuel. Il faut collectivement s'organiser."

De vifs échanges ont également porté sur le chlordécone, insecticide longtemps utilisé dans les bananeraies aux Antilles, le chef de l'État estimant qu'on ne pouvait pas actuellement parler de produit "cancérigène".

Concernant la vie chère, Emmanuel Macron a mis en cause les sur-rémunérations de fonctionnaires et les situations de monopoles. "La vie chère est entretenue par le fait qu'il y a une dualité des rémunérations en Outre-mer", a-t-il souligné, en ciblant aussi "les filières monopolistiques ou oligopolistique" dans les Outre-mer, qui rendent par exemple une même voiture beaucoup plus chère à la vente qu'en métropole.

Selon l'Insee, le taux de chômage dans les territoires ultramarins est deux à trois fois plus prononcé qu’en métropole, et les prix y sont plus élevés – de 7 % à La Réunion et Mayotte, à 12 % en Martinique, Guadeloupe et Guyane.

Autre question également abordée lors du débat, celle de la différenciation. "Il faut aller vers une politique adaptée à chacun de nos territoires, il faut faire du cousu main", a insisté Marie-Luce Penchard, maire de Basse-Terre et ancienne ministre de l'Outre-mer de Nicolas Sarkozy. "M. le président, osez, si vous y allez, nous serons avec vous."

"J'y suis totalement favorable", a répondu Emmanuel Macron, rappelant son intention d'aborder cette question dans le cadre de la réforme constitutionnelle dont l'examen reprendra à l'issue du grand débat qui s'achèvera le 15 mars.

Avec AFP et Reuters