Un rapport de police et une vidéo amateur ont relancé, mercredi, l'hypothèse d'un tir de lanceur de balles de défense pour expliquer la blessure à l'œil du Gilet jaune Jérôme Rodrigues lors de la manifestation du 26 janvier à Paris.
Qu'est-il arrivé à Jérôme Rodrigues, le Gilet jaune blessé à l'œil droit lors de l'acte XI de la mobilisation, le 26 janvier ? Cette figure du mouvement assure avoir été atteinte par un tir de lanceur de balles de défense (LBD), une arme non létale dont l'usage fait l'objet d'une polémique croissante.
Jusqu'à présent, l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", a émis des réserves sur le scénario avancé. "Je n'ai aucun élément qui me permet de dire qu'il y a eu un usage d'un LBD qui aurait touché M. Rodrigues", affirmait, au lendemain de la manifestation, le secrétaire d'État à l'Intérieur, Laurent Nunez, qui appelait toutefois à être "prudent". Selon ce dernier, 18 tirs de LBD ont été recensés ce jour là place de la Bastille.
L'IGPN en charge de l'enquête
Mais, selon Le Parisien, un policier en poste dans une compagnie de sécurisation et d'intervention (CSI) a finalement reconnu, dans un rapport adressé le 29 janvier à sa hiérarchie, s'être servi de son LBD au moment où Jérôme Rodrigues a été blessé. Pour autant, aucun lien entre le tir et la blessure à l'œil du militant n'est formellement établi.
Comme l'impose la procédure, ce tir avait été préalablement signalé parmi les 18 utilisations de LBD recensées place de la Bastille mais l'horaire renseigné n'était pas le bon. Selon le ministère de l'Intérieur, l'IGPN est en charge de l'enquête sous l'autorité du parquet de Paris.
"Les vidéos n'attestent en aucun cas d'un tir"
Diffusée mardi soir par l'émission Quotidien, une vidéo semble également montrer qu'un projectile a bien été tiré par un des policiers présents sur la place de la Bastille, à quelques mètres de Jérôme Rodrigues et avant que celui-ci ne s'écroule au sol. Sur ces images de qualité moyenne, on voit un policier épauler ce qui ressemble à un LBD dont le canon laisse alors échapper une petite fumée.
Sur une autre vidéo de meilleure qualité filmée au même moment, deux bruits sont entendus : l'explosion sourde d'une grenade puis le tir sec typique d'un LBD.
"Les vidéos diffusées hier soir par Quotidien n'attestent en aucun cas qu'un tir de LBD a été dirigé contre Monsieur Rodrigues", avait également commenté le ministère de l'Intérieur auprès de l'AFP. Ces vidéos ont été portées au dossier.
Avec AFP