
Benoît Hamon a dit non, lundi soir à Lille, à une liste commune avec le Parti socialiste aux élections européennes tant que ce dernier restait "attaché" au Parti socialiste européen.
Le feuilleton de la désunion de la gauche continue. Le chef de file de Génération.s pour les européennes, Benoît Hamon, a fermé la porte, lundi 7 janvier à Lille, à une liste commune avec le Parti socialiste (PS), à partir du moment où ce dernier "reste attaché" au Parti socialiste européen (PSE).
"On nous dit : ‘Il faut faire une liste commune avec le Parti socialiste.' (...) Mais à partir du moment où on reste attaché à un parti, au niveau européen, qui propose de continuer à cogérer l'Europe (...) avec la droite européenne ; à partir du moment où on a un candidat à la présidence de la Commission (Frans Timmermans, NDLR), qui n'est pas moins libéral que (Jean-Claude) Juncker qui pourtant était conservateur ; tant que cette clarification au niveau européen n'a pas eu lieu et que le Parti socialiste reste attaché à un parti européen qui est le supplétif des conservateurs, il n'est pas possible, pour la clarté des idées qu'on défend, de faire liste commune", a affirmé l’ancien candidat socialiste à la présidentielle de 2017 au cours d'un meeting qui a réuni plusieurs centaines de personnes.
Le parti de Benoît Hamon, Génération.s, avait participé le 20 décembre à une réunion avec le PS, le PCF et Place publique, à l'initiative de ce petit dernier des partis de gauche, pour réfléchir à des réponses communes à la crise des Gilets jaunes, mais aussi pour rapprocher les uns et les autres à l'approche des européennes de mai 2019.
L’idée d’une alliance avec le PS n’est plus taboue
Mais exception faite du PS, chacun semble bien décidé à ce stade à tracer son sillon et à présenter sa propre liste, au risque de ne pas dépasser le seuil des 5 %, qui permet de désigner des parlementaires européens.
Benoît Hamon a enfoncé le clou à Lille en appelant son auditoire à "(se) libér(er) des partis qui défendent (des) idées en campagne électorale, et ensuite font une politique totalement différente quand ils gouvernent tant l'Europe que la nation".
Son discours marque toutefois une légère évolution. Il y a encore quelques mois, il était inconcevable pour l’éphémère ministre de l’Éducation d’imaginer un rapprochement avec son ancien parti. Or, là, la porte semble entrouverte au cas où le PS déciderait de rompre avec le PSE. L’idée d’une alliance n’est plus taboue.
En attendant un éventuel signe des socialistes, Benoît Hamon a une nouvelle fois appelé lundi soir à un grand rassemblement citoyen, pour construire, au-delà des jeux d'appareil, une "grande alliance de gauche humaniste, écologiste, féministe, européenne".
Avec AFP