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Quelques accrochages durant l'Acte VIII des Gilets jaunes

50 000 Gilets jaunes se sont réunis samedi dans toute la France, selon le ministre de l'Intérieur. Des chiffres en hausse par rapport à la semaine dernière alors que le gouvernement parle d'un mouvement en perpétuelle baisse depuis son lancement.

Les Gilets jaunes ont appellé samedi 5 janvier à une huitième journée d'action nationale pour relancer leur mouvement et défier le gouvernement. Ce dernier, par l'intermédiaire de son porte-parole Benjamin Griveaux, a dénoncé des velléités "d'insurrection" et réclame le retour à l'ordre.

Place de la Bourse à Bordeaux, places du Capitole et Wilson à Toulouse... Pour cette première mobilisation de l'année 2019, les Gilets jaunes se sont donné rendez-vous dans des lieux symboliques, insensibles aux concessions de l'exécutif et au grand débat national qui doit s'ouvrir à la mi-janvier pour faire émerger des revendications.

50 000 personnes se sont rassemblées en France, soit bien davantage que les 32 000 mobilisés la semaine dernière, a annoncé sur LCI le ministre de l'Intérieur, tout en minimisant la portée de ce chiffre.

À 15 heures, la police avait comptabilisé 25 000 manifestants dans toute la France, dont 4 500 à Bordeaux et 2 000 à Toulouse.

Intrusion au secrétariat d'État de Benjamin Griveaux

À Paris, alors que le défilé parti des Champs-Élysées s'était jusque-là déroulé dans le calme, des heurts ont éclaté en début d'après-midi entre les forces de l'ordre et des Gilets jaunes. Sur les quais de Seine, entre la place du Châtelet à proximité de l'Hôtel de Ville, des manifestants ont jeté des bouteilles et des pierres sur les forces de l'ordre qui ont répliqué par des tirs de lacrymogènes avant de recevoir le renfort de CRS.

PARIS #5janvier - Tensions toujours en cours entre #GiletsJaunes et forces de l’ordre. Projectiles contre lacrymogène. #Acte8 pic.twitter.com/PNbCPAxTct

  Clément Lanot (@ClementLanot) 5 janvier 2019

Des incidents ont également éclaté sur la passerelle Leopold-Sédar-Senghor qui relie les deux rives de la Seine au niveau du Jardin des Tuileries.

???????? #GiletsJaunes samedi : deux cortèges déclarés à Paris… mais sans gilet jaune (Le Parisien) pour certains afin d'être moins repérables https://t.co/s3BltG0bun pic.twitter.com/up5Jrlaemn

  Gilles Klein (@GillesKLEIN) 4 janvier 2019

Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a été évacué de son bureau après l'intrusion de manifestants violents dans la cour de son secrétariat d'Etat situé rue de Grenelle, non loin de l'Assemblée nationale. Selon le récit de son entourage, confirmant des informations du Parisien, une quinzaine de personnes, certaines vêtues de noirs, d'autres avec un gilet jaune, ont fait irruption dans la cour du bâtiment après avoir défoncé la grille à l'aide d'un engin de chantier.

À Rouen (Seine-Maritime), où entre 1 000 et 2 000 personnes défilaient, un manifestant a été touché à la tête par des tirs de lanceurs de balles de défense et au moins deux Gilets jaunes ont été interpellés, selon un journaliste de l'AFP. Quatre CRS ont été légèrement blessés à la suite de jets de pierres et de bouteilles à Montpellier, dans le secteur de la gare Saint-Roch, a indiqué à l'AFP la Direction départementale de la sécurité publique.

Essoufflement ou renouveau ?

Cet acte VIII de la mobilisation sera de fait un test pour ce mouvement de contestation inédit qui fait vaciller l'exécutif depuis un mois et demi, mais qui a donné de légers signes d'essoufflement dans la rue ces dernières semaines. Lors de l'acte VII du 29 décembre, 12 000 manifestants avaient été recensés en France à midi, d'après le ministère de l'Intérieur qui n'avait toutefois pas donné de chiffre global à la fin de la journée.

Le ministère en avait dénombré 38 600 le 22 décembre et surtout 282 000 le 17 novembre, lors de l'acte fondateur de ce mouvement qui a d'abord ciblé la hausse du prix des carburants avant de porter des revendications plus larges sur la fiscalité ou le droit à un référendum d'initiative citoyenne.

Fragilisé par cette contestation inédite, le président Emmanuel Macron avait annoncé le 10 décembre une série de mesures, notamment une hausse de 100 euros des salaires au niveau du Smic, et promis dans ses vœux du 31 décembre un retour à "l'ordre républicain". Mais il n'est pas parvenu à éteindre la fronde.

"La colère va se transformer en haine si vous continuez, de votre piédestal, vous et vos semblables, à considérer le petit peuple comme des gueux, des sans-dents, des gens qui ne sont rien", prévient ainsi le collectif de Gilets jaunes "La France en colère" dans une lettre ouverte au président, diffusée jeudi soir.

Face à cette détermination, le gouvernement a durci le ton et accuse désormais les Gilets jaunes qui poursuivent la mobilisation de vouloir renverser le pouvoir. "[Le mouvement], pour ceux qui restent encore mobilisés, est devenu le fait d'agitateurs qui veulent l'insurrection et, au fond, renverser le gouvernement", a estimé vendredi Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement.

Fermeté du ministère de l'intérieur

Dans un télégramme du 29 décembre, le ministre de l'Intérieur a par ailleurs appelé les préfets à la fermeté et à continuer à faire évacuer, y compris par la force, la "centaine de points de rassemblements" qui subsistent sur les axes routiers en France.

Pour éviter les débordements qui ont émaillé plusieurs mobilisations, 3 600 CRS et gendarmes mobiles seront déployés samedi en France, auxquels s'ajouteront notamment des compagnies de sécurisation et des policiers de la BAC, a appris l'AFP de sources concordantes.

Pour tenter d'échapper aux forces de l'ordre, certains Gilets jaunes semblent envisager une nouvelle stratégie basée sur la discrétion. "La France en colère" a ainsi suggéré à ses sympathisants de retirer leurs gilets jaunes samedi pour "se présenter dans les rues [...] comme les simples citoyens qu'ils sont".

Depuis le début du mouvement, plus de 1 500 personnes ont été blessées, dont 53 gravement, chez les manifestants et près de 1 100 au sein des forces de l'ordre. Dix personnes ont par ailleurs trouvé la mort, principalement lors d'accidents en marge de blocages routiers.

Avec AFP