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Après avoir suscité la désapprobation de multiples responsables politiques, Vinci Autoroutes a finalement renoncé, mardi, à faire payer les automobilistes ayant empruntés gratuitement les péages pendant la mobilisation des Gilets jaunes.

Vinci Autoroutes rétropédale. Le groupe, qui avait annoncé lundi qu'il allait envoyer une facture aux automobilistes passés gratuitement au péage sur son réseau pendant les opérations des Gilets jaunes, a renoncé à récupérer l'argent dû.

"Cette procédure sans doute insuffisamment expliquée, donc mal comprise, a suscité depuis hier un grand nombre de réactions négatives", a reconnu Vinci dans un communiqué publié mardi. "Vinci Autoroutes a décidé de renoncer à son application."

L'annonce de Vinci a provoqué mardi plusieurs réactions négatives chez des membres du gouvernement, au moment où celui-ci cherche à apaiser plusieurs semaines de mobilisations aux revendications multiples mais tournant largement autour du pouvoir d'achat.

Un "scandale"

Sur FranceInfo, Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a jugé "très incongru" le choix du groupe, tandis qu'Elisabeth Borne, ministre des Transports, a estimé que cette demande n'était pas "fondée au plan juridique".

Selon la ministre, qui a dit au Sénat avoir demandé aux concessionaires "de ne pas mettre en œuvre de tels recouvrements", Vinci n'est pas en mesure d'utiliser, comme il l'annonçait, les images de vidéoprotection dans un tel objectif.

Élisabeth Borne, qui a reçu mardi soir les sociétés autoroutières, a affirmé à l'issue de la réunion que "la priorité est de parvenir à un retour à la normale au plus vite sur le terrain" alors qu'il "subsistait aujourd'hui encore plusieurs dizaines de points de perturbations". Elle a assuré de "la pleine mobilisation des forces de l'ordre pour intervenir et libérer les points de blocage". Lors de la rencontre, les sociétés concessionnaires "ont fait part des dégradations importantes et d'une ampleur inédite constatées sur le réseau", a-t-elle également indiqué.

La demande de Vinci a également suscité de fortes critiques dans l'opposition, à gauche, le socialiste Luc Carvounas évoquant un "scandale", comme à droite, le républicain Julien Aubert estimant que cela "donne envie de nationaliser les autoroutes". Celles-ci ont été privatisées en 2006 sous le gouvernement de Dominique de Villepin.

Chez les deux autres grands exploitants d'autoroutes en France, la Sanef, filiale de l'espagnol Abertis, a fait savoir à l'AFP qu'elle ne mènerait pas de telle régularisations, tandis qu'APRR, filiale d'Eiffage, a, selon le journal Le Progrès, envoyé des avis majorés de l'amende prévue par le code de la route. Contacté par l'AFP, APRR n'a pas donné de réponse.

Avec AFP