Dans un entretien au quotidien Les Echos, le Premier ministre a détaillé des mesures pour "distribuer du pouvoir d'achat" plus rapidement. Il s'est également dit favorable au référendum d'initiative citoyenne réclamé par les Gilets jaunes.
Édouard Philippe a précisé dimanche 16 décembre les modalités des mesures pour répondre à la crise des Gilets jaunes, au lendemain d'une forte baisse de leur mobilisation qui fait espérer au gouvernement une sortie de crise après un mois de chaos.
Dans un entretien au quotidien Les Echos à paraître lundi et mis en ligne dimanche soir, le Premier ministre indique que le gain de 100 euros net pour les salariés proches du Smic, mesure phare annoncée par Emmanuel Macron, passera "par une hausse massive de la prime d'activité" qui sera versée "dès le 5 février pour compléter le salaire de janvier".
Cette hausse ne concernera donc pas tous les salariés au Smic car la prime d'activité tient compte de l'ensemble des revenus du ménage, mais "nous allons élargir le nombre de foyers éligibles, qui passera de 3,8 millions à 5 millions", a précisé le Premier ministre. "Tous les salariés célibataires sans enfant auront 100 euros de plus jusqu’à 1560 euros net de revenus", dit-il.
Il estime par ailleurs à 400 euros par an le gain moyen pour les salariés lié à la défiscalisation des heures supplémentaires. Au total, les mesures annoncées par Emmanuel Macron la semaine dernière, parmi lesquelles figurent aussi l'exemption de hausse de CSG pour les retraités gagnant moins de 2 000 euros, vont se chiffrer à environ "10 milliards d'euros". Ces mesures doivent être présentées en Conseil des ministres mercredi avant de passer à l'Assemblée nationale jeudi et au Sénat vendredi.
500 millions d'euros des GAFA
En conséquence, le déficit, prévu à 2,8 % en 2019, devrait se creuser légèrement et atteindre 3,2 % du PIB, a indiqué Édouard Philippe, puisque le gouvernement ne touchera pas à la transformation du CICE en baisse des charges, comme le réclamaient certains dans la majorité.
"Nous demandons donc un effort aux plus grandes entreprises pour nous permettre de dégager une recette supplémentaire de l'ordre de 1,8 milliard d'euros", a-t-il expliqué. Cet effort passera par un report d'un an de la diminution du taux de l'impôt sur les sociétés de 33% à 31% pour les entreprises ayant plus de 250 millions d'euros de chiffre d'affaires.
Par ailleurs, la taxe sur les grandes entreprises du numérique (GAFA) promise par Bruno Le Maire devrait permettre de générer 500 millions d'euros de recettes dès 2019. "Enfin nous allons revoir ce qu'on appelle la 'niche Copé' sur les opérations intra-groupe des entreprises, qui rapportera de l'ordre de 200 millions d'euros", poursuit Edouard Philippe.
"Nous allons engager avec les parlementaires au cours de l'année 2019 un exercice de maîtrise de la dépense. Dans le cadre de l'exécution du budget 2019, nous devrons trouver d'1 à 1,5 milliard d'euros d'économies", déclare le chef du
gouvernement.
Le Référundum d'initiative citoyenne lancé
Le Premier ministre s'est déclaré favorable sur le principe à un référendum d'initiative citoyenne (RIC), une des principales revendications des "gilets jaunes", qui peut être un "bon instrument dans une démocratie" mais "pas sur n'importe quel sujet ni dans n'importe quelles conditions".
"C'est un bon sujet du débat que nous allons organiser partout en France. Comme l'est le vote blanc", a-t-il souligné alors que l'exécutif lance une grande concertation nationale de deux mois et demi pour tirer la leçon de la crise des "gilets jaunes".
Mea culpa
Sur la forme, le Premier ministre, s'est fendu, comme le président lundi, d'un mea culpa en concédant des "erreurs" dans la gestion d'une crise qui secoue le pays depuis un mois. "Nous n'avons pas assez écouté les Français. Je reste persuadé qu'ils veulent qu'on transforme ce pays. Je leur dis que leur impatience est la mienne. Nous allons continuer à réparer le pays en les associant davantage", a-t-il promis, ajoutant qu'il n'y a "pas de tournant" mais "un changement de méthode".
Même si plusieurs appels à un acte VI circulent sur les réseaux sociaux pour samedi prochain et même vendredi, jour des 41 ans d'Emmanuel Macron, l'apaisement était palpable dimanche en régions, au lendemain d'une mobilisation divisée par deux (66 000 manifestants). "Les combats sont finis, le débat c'est maintenant", a souligné dimanche le président de l'Assemblée Richard Ferrand, sans exclure l'envoi de "CRS ou de gendarmes à la campagne" pour "libérer l'espace public".
Avec AFP