Au troisième jour de mobilisation, les "Gilets jaunes" ont ciblé autoroutes et dépôts de carburant. Environ 20 000 manifestants ont poursuivi leurs actions lundi, d’après le ministère de l’Intérieur. Le gouvernement, lui, reste inflexible.
Les "Gilets jaunes" persistent et signent. Au troisième jour de mobilisation, environ 20 000 manifestants étaient rassemblés en 350 endroits, a annoncé lundi 19 novembre Frédéric de Lanouvelle, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, contre 290 000 personnes recensées sur plus de 2 000 sites samedi.
Les "Gilets jaunes" poursuivaient les opérations de blocage en ciblant principalement des autoroutes mais aussi des dépôts pétroliers, tandis que le gouvernement affichait son inflexibilité sur sa politique économique.
Au cours du week-end, endeuillé par la mort d'une femme "Gilet jaune" percutée par une automobiliste, 183 personnes ont été placées en garde à vue, 511 ont été blessées dont 17 grièvement.
Alors que de nombreux points de rassemblements, péages, stations-service, entrées des autoroutes ou centres commerciaux, avaient été évacués dans la matinée par les forces de l'ordre, certains ont réinvesti les lieux l'après-midi.
C'est le cas au Pont d'Aquitaine sur la Garonne où les manifestants, qui avaient installé un barrage filtrant, ont joué au chat et à la souris toute la journée avec les forces de l'ordre. Ils ont été délogés en fin de journée.
"Ça devient insoutenable"
Plusieurs dépôts pétroliers sont par ailleurs désormais ciblés, notamment à Port-la-Nouvelle (Aude), Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), Frontignan (Hérault), Portes-lès-Valence (Drôme) et Valenciennes (Nord). Des blocages confirmés par le groupe Total, notamment dans le Sud et l'Ouest.
Des organisations patronales ont mis en garde contre "un blocage de l'économie". Droite et gauche ont critiqué de leur côté un exécutif inflexible après les propos du Premier ministre, la veille, assurant qu'il tiendrait "le cap", tout en affirmant avoir entendu la "colère" et la "souffrance" des manifestants.
"Je fais 90 km tous les jours et ma femme ne travaille pas. On vit avec mon seul salaire. On dépense 150 euros d'essence par mois, ça devient insoutenable", confiait Fabien, près d'un dépôt à Fos-sur-mer.
Mais trois jours après le début de ce mouvement inédit, le ton se durcit : en Haute-Saône, le blocage des routes "sera désormais sanctionné", a annoncé lundi le procureur de la République à Vesoul.
À l'initiative de ce mouvement protéiforme et sans leader identifié, des membres de la société civile qui ont appelé sur les réseaux sociaux à des actions contre la hausse du prix des carburants. Les motifs de griefs se sont ensuite élargis à une dénonciation plus globale de la politique du gouvernement en matière de taxation et de la baisse du pouvoir d'achat.
Files d'attente
Les actions se poursuivaient un peu partout en France, avec des opérations-escargot notamment en Seine-Maritime et dans la Sarthe, ou des barrages filtrants vers Bourges, Vierzon, Romorantin, Laval ou Gaillac (Tarn). De longues files d'attente de poids lourds se formaient aux abords des péages, des bretelles d'entrée ou de sortie d'autoroute ou des ronds-points.
À la Réunion, après une nuit émaillée de violences, l'ambiance restait tendue avec 31 barrages installés.
En Bretagne, une vingtaine d'opérations étaient en cours en fin d'après-midi. En Normandie, dans le Cher et en Loire-Atlantique, plusieurs dizaines de blocages étaient également recensés.
Même situation dans l'est de la France : des dizaines de barrages filtrants et quelques zones de blocage sur des axes secondaires dans les départements du Grand Est (19 dans les Vosges, 9 dans le Haut-Rhin, 9 dans le Bas-Rhin, 14 en Meurthe-et-Moselle, 4 en Haute-Saône, 18 dans la Meuse, rapportent les différentes préfectures).
Climat tendu
Alors que plusieurs préfectures continuent à faire état de blessés légers, Laurent Nuñez, le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur, a rappelé que les forces de l'ordre devaient "intervenir à chaque fois que des axes structurants sont bloqués ou qu'il y a des violences".
À Calais, les CRS tentaient en fin de journée de déloger des "gilets jaunes" ayant installé des barrages sur les ronds-points des hypermarchés, dans un climat tendu.
De source policière, à l'un de ces barrages, un routier à tenté de forcer le passage, avant d'être pris en chasse par un motard de la police, qui a ensuite heurté une voiture. Le policier blessé a été transporté à l'hôpital.
Un motard renversé lundi matin dans la Drôme se trouvait, lui, "entre la vie et la mort", selon Frédéric de Lanouvelle.
Avec AFP