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Alors que l'Italie refuse d'accueillir l'Aquarius depuis plusieurs jours, le port de Sète s'est proposé, dans l'attente "du feu vert" des autorités françaises. La Grande-Bretagne a elle aussi été invitée à ouvrir ses portes.

Une impression de déjà-vu. L'Aquarius, bateau affrété par l'ONG SOS Méditerranée et opéré en partenariat avec Médecins sans Frontières (MSF), navigue depuis le 10 août, avec à son bord 141 personnes secourues, dans les eaux internationales entre Malte et l'Italie, deux pays qui refusent de l'accueillir, en attendant de connaître sa destination.

En France, le président du port de Sète-Frontignan s'est proposé lundi 13 août pour accueillir l'Aquarius. Jean-Claude Gayssot, ancien ministre des Transports, a déclaré que "la seule condition c'est d'abord le feu vert des autorités françaises. Je comprends que les choses sont complexes, y compris qu'il faut combattre les passeurs. Mais là, il s'agit de vies humaines. Tout doit être second par rapport à l'humain, par rapport à sauver des vies, des familles, des femmes et des enfants".

De son côté, la Corse est toujours prête à ouvrir un de ses ports à l'Aquarius, a indiqué mardi Jean-Guy Talamoni, le président de l'Assemblée de Corse : "La Corse a déjà donné son point de vue, il n'a pas pas changé. Il faut maintenant que les autorités de l'État fassent en sorte que ces personnes soient accueillies", a-t-il ajouté, soulignant que les 141 migrants à bord du navire n'étaient "pas tous en bonne santé" et qu'"il y a donc une question d'urgence".

Le ministre italien des Transports, Danilo Toninelli, a déclaré que puisque l'Aquarius bat pavillon de Gibraltar, il incombe au territoire britannique et à Londres d'assumer leurs responsabilités. Dans un communiqué émis dans la foulée, le gouvernement de Gibraltar a annoncé que l'Aquarius ne pourra plus naviguer sous son pavillon d'ici au 20 août et devra revenir à celui de ses "vrais propriétaires", l'Allemagne.

La droite française refuse d’accueillir le navire

Les Républicains (LR) et le Rassemblement national (RN, ex-FN) ont estimé mardi que la France ne devait pas accueillir l'Aquarius pour éviter de créer "un appel d'air", et plaidé pour que la Tunisie leur ouvre ses ports.

"Les Républicains sont favorables à une position de fermeté vis-à-vis de ces situations" car "nous ne pouvons pas créer un nouvel appel d'air", a réagi un des porte-parole de LR, Gilles Platret, sur franceinfo.

Accueillir ces migrants "sous le coup de l'émotion ne ferait qu'encourager [cette immigration] et faire le jeu des passeurs", a-t-il ajouté, plaidant pour que l'Aquarius, que l'Italie et Malte refusent d'accueillir, se dirige vers les côtes tunisiennes.

Les partis de la droite française reprennent donc à leur compte la position italienne. Lundi 13 août, le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini avait estimé à propos de l'Aquarius qu'"il ne peut pas aller où il veut, pas en Italie." Deux jours avant, il avait déclaré que le bateau "ne verrait jamais un port italien". Le dirigeant de la Ligue (extrême droite) suggère que l'Aquarius se rende en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne ou à Malte.

Le centre de coordination des secours de Malte a aussi fait savoir dès samedi à l'Aquarius qu'il n'était pas le bienvenu sur l'île, selon le registre de communications internes du navire. L'Espagne, qui avait accueilli le navire en juin dernier, n'est "pour le moment pas le port le plus sûr, car il n'est pas le plus proche", a déclaré une porte-parole du gouvernement.

Un porte-parole de la Commission européenne a indiqué que Bruxelles cherchait une solution à cet "incident" avec plusieurs pays de l'Union européenne, le deuxième en quelques mois. En juin dernier, l'Aquarius avait passé neuf jours en mer quand le nouveau gouvernement italien – formé par l'extrême droite et le mouvement populiste Cinq étoiles – lui avait, pour la première fois, interdit d'accoster dans ses ports en accusant les navires humanitaires de complicité avec les passeurs.

Sous pression des autorités maltaises et italiennes, la plupart des navires humanitaires ont cessé de patrouiller au large de la Libye. Selon Amnesty International, quelque 720 migrants se sont noyés en juin et juillet en l'absence de secours.

Avec Reuters et AFP