Au terme d'un concours époustouflant, le Français Renaud Lavillenie n'a décroché que le bronze aux championnats d'Europe d'athlétisme 2018. Une médaille toutefois accueillie avec le sourire, puisqu'il a été devancé par deux phénomènes de précocité.
" On a vécu un truc de ouf. […] C’est peut-être le plus gros concours de l’histoire." Même à chaud, difficile de se passer de l’analyse du perchiste Renaud Lavillenie. Déjà, parce qu’il est champion olympique, triple champion du monde en salle, recordman du monde de la discipline, et qu’il cumule pas moins de 25 distinctions internationales en grands championnats. Ensuite, parce qu’il n’a pas remporté ce "plus gros concours de l'histoire", et qu'on pourra un peu plus difficilement l’accuser de pêcher par orgueil. Enfin, parce qu’il a très probablement raison.
Merci Berlin !!!!!!!! ????
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À Berlin, dimanche 12 août, l’athlète français n’a décroché que le bronze : un camouflet pour "Air Lavillenie" ? Même pas. En échouant à la troisième place du podium, malgré un saut à 5m95, le Charentais était même aux premières loges pour constater l’émergence de la nouvelle garde du saut à la perche.
Sur le sautoir du Stade olympique le plus emblématique d’Europe, Lavillenie a été devancé par le Russe Timur Morgunov, deuxième à tout juste 21 ans, après un saut à 6m. Une barre mythique qui n’a pas non plus suffi. Pour aller chercher la couronne européenne, il fallait aller plus haut encore. Et c’est à 6m05 que le Suédois Armand Duplantis est allé décrocher son premier grand titre international, à tout juste 18 ans.
Un saut, deux records nationaux
"Tout ce que je voulais, c'était me retrouver sur le podium avec Renaud. Je vais prendre la photo du podium pour la lui faire signer", s’amusait le nouveau champion d'Europe après la cérémonie protocolaire. Le nouveau visage de la perche est plein de fraîcheur, et son exploit est retentissant. À titre de comparaison, Lavillenie avait attendu cinq ans de plus avant d’aller chercher son premier grand titre en extérieur, un championnat d'Europe à Barcelone décroché vingt centimètres plus bas (5m85), à l’été 2010.
Armand Duplantis, lui, est déjà au-delà des six mètres et il s’offre même le luxe de marquer l’histoire en devenant détenteur de deux records nationaux : celui de Suède et celui… des États-Unis, puisqu’il est né à Lafayette et possède la double-nationalité.
"'Mondo' [surnom d'Armand Duplantis] c'est un gamin. Il entre à peine à l'Université et je le considère comme mon frère. […] Je ne vais pas dire que je m'en fous qu'il m'ait battu, mais presque", expliquait Lavillenie, tout sourire, dimanche soir. Et "maintenant c'est l'homme à battre", prévient-il. À bientôt 32 ans, pas sûr qu’il lui reste beaucoup d’opportunités de goûter à l’or, si le "gamin" continue de survoler les barres.