Douze agents des services de renseignement russe ont été inculpés pour avoir piraté les ordinateurs du parti démocrate avant l'élection présidentielle de 2016, a annoncé vendredi le ministère américain de la Justice.
Un grand jury américain a inculpé, vendredi 13 juillet, douze membres des services de renseignement russes pour avoir piraté les réseaux informatiques de la candidate Hillary Clinton et du Comité national du Parti démocrate lors des élections de 2016 aux États-Unis, a annoncé le département de la Justice.
Le Kremlin s'est immédiatement inquiété de l'arrestation de ses ressortissants et est prêt à examiner les faits. Ces inculpations ont été demandées par le procureur spécial Robert Mueller, qui enquête sur une ingérence russe dans le scrutin de novembre 2016 remporté par le candidat républicain Donald Trump.
"L'acte d'inculpation accuse nommément douze officiers de l'armée russe pour conspiration visant à interférer dans l'élection présidentielle de 2016", a dit le procureur général adjoint des États-Unis, Rod Rosenstein, en conférence de presse. Les mises en accusation ont été prononcées trois jours avant une rencontre entre le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine à Helsinki.
"Je vais absolument et fermement poser la question" de l'ingérence russe, a affirmé le président américain, qui dément toute collusion avec la Russie pour gagner l'élection et qualifie de "chasse aux sorcières" l'enquête du procureur spécial. Rod Rosenstein, le numéro deux du département de justice, a pour sa part démenti tout lien entre les inculpations et le tête-à-tête d'Helsinki.
Accusés d'avoir "conspiré de manière intentionnelle"
La Russie est accusée d'avoir orchestré des piratages informatiques qui ont mené au vol et à la publication de milliers d'emails de responsables démocrates, brouillant le message de la candidate démocrate Hillary Clinton.
Treize ressortissants et trois sociétés russes ont déjà été inculpés par le procureur Mueller, accusés d'avoir mené une campagne de déstabilisation d'Hillary Clinton sur les réseaux sociaux avant l'élection. Des accusations rejetées par le Kremlin.
Les inculpés, tous membres des services de renseignement de l'armée russe (GRU), sont accusés d'avoir "conspiré de manière intentionnelle (...) pour obtenir un accès non-autorisé dans les ordinateurs de personnes ou entités américaines impliquées dans l'élection présidentielle américaine, voler des documents depuis ces ordinateurs et organiser la publication de ces documents pour s'ingérer dans l'élection", selon l'acte de mise en accusation.
La date de cette annonce "est celle des faits, des preuves et de la loi qui détermine ce qui est suffisant pour présenter une inculpation à cet instant", a expliqué Rod Rosenstein, lors d'une conférence de presse. "Il était important que le président sache quelles informations nous avions découvertes car il doit prendre des décisions très importantes pour le pays", a-t-il-ajouté.
Lindsay Walters, une des porte-paroles de la Maison Blanche, a souligné "l'absence d'allégation sur une implication intentionnelle de quiconque au sein de la campagne (Trump) et l'absence d'allégation sur le fait que ce piratage a affecté le résultat de l'élection, ce qui correspond à ce que nous avons toujours dit". Elle s'est félicitée que ces mises en accusation écartent, selon elle, l'hypothèse d'une coopération.
Quatre conseillers de Trump poursuivis
Quatre conseillers de la campagne de Donald Trump ont été poursuivis pour leurs liens avec des responsables russes, mais aucune preuve d'une collusion pour influencer l'élection présidentielle n'a été établie.
En juin 2017, la candidate démocrate Hillary Clinton avait accusé l'équipe de Donald Trump et la Russie de s'être coordonnées pour faire dérailler sa campagne et favoriser la victoire de son adversaire républicain. Elle avait pris l'exemple des messages piratés du président de son équipe de campagne, John Podesta, qui avaient été diffusés par WikiLeaks en octobre, dans l'heure ayant suivi la divulgation dans la presse d'une vidéo de Donald Trump tenant des propos obscènes sur les femmes.
En juillet 2016, trois jours avant l'ouverture de la convention démocrate, WikiLeaks avait aussi publié près de 20 000 messages piratés des comptes de sept responsables du parti démocrate. Ces courriels montraient notamment la méfiance et le mépris de responsables du parti pour Bernie Sanders, l'ex-rival d'Hillary Clinton pour la primaire démocrate.
Avec AFP et Reuters