
Plus d'un quart de million de Syriens ont fui l'offensive de l'armée sur une région stratégique du sud du pays, a indiqué l'ONU, lundi. Depuis quinze jours, les forces régulières multiplient les raids aériens pour reprendre les secteurs rebelles.
"Nous nous attendions à atteindre le nombre de 200 000 déplacés, mais il a déjà dépassé 270 000 en un temps record", a indiqué, lundi 2 juillet, à Amman un porte-parole du HCR, Mohammed Hawari. "Nous sommes confrontés à une véritable crise humanitaire dans le sud de la Syrie". Quelque 70 000 déplacés ont notamment trouvé refuge près du poste-frontière de Nassib, aux portes de la Jordanie, selon l'ONU.
Installés à l'abri des habitations de fortune, des femmes et des enfants cherchent un peu d'ombre. Les plus chanceux sont arrivés en voiture ou à bord de minibus, encore bourrés de leurs maigres affaires emportées à la hâte : des matelas, des couvertures, parfois une bonbonne de gaz.
Dans la province de Deraa, les deux semaines de raids aériens des forces gouvernementales ont contraint des dizaines de milliers de personnes à fuir, poussant le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à sonner l'alarme lundi 2 juillet. Appuyé par son indéfectible allié russe, le pouvoir de Bachar al-Assad a une nouvelle fois recours à la stratégie utilisée contre les rebelles chassés des environs de Damas : un pilonnage meurtrier, suivi par des négociations parrainées par Moscou.
Amman n'ouvrira pas ses frontières
Face à cet afflux, les autorités d'Amman ont répété qu'elles n'ouvriraient pas la frontière, fermée depuis 2016, en soulignant que le pays ne pourrait pas accueillir une nouvelle vague de réfugiés. Des milliers d'autres déplacés se sont aussi dirigés vers le plateau du Golan, non loin de la frontière avec Israël.
Parallèlement aux bombardements, Damas a initié, par l'intermédiaire de Moscou, des négociations avec des représentants des groupes rebelles et des notables de Deraa, faisant passer sous son contrôle plusieurs localités qui ont accepté des accords dits de "réconciliation". Dans un communiqué publié lundi, les représentants civils au sein de la délégation de l'opposition ont toutefois annoncé s'être retirés des pourparlers.
Lundi, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a confirmé des "divisions au sein des groupes rebelles" concernant les conditions mises en avant par la Russie. Les accords prévoient l'abandon par les rebelles de leur artillerie lourde, le retour des institutions étatiques dans les zones insurgées, en contrepartie d'un retour des familles déplacées dans leurs localités, sous la protection de la police militaire russe.
Les forces du régime prendraient également le contrôle du poste de Nassib à la frontière jordanienne et se déploieraient le long de la frontière avec la partie du plateau du Golan occupée par Israël, a indiqué le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Le pouvoir syrien, qui enchaîne les victoires grâce à l'appui crucial de l'allié russe, mais aussi de l'Iran et du Hezbollah libanais, contrôle désormais 65 % du pays.
Avec AFP