Le ministre de l'Intérieur allemand, Horst Seehofer, en désaccord avec la chancelière Angela Merkel sur la question des migrants, a menacé de démissionner. Une réunion de la dernière chance est prévue lundi.
Le gouvernement allemand ne tient plus qu’à un fil. Angela Merkel et l'aile la plus à droite de sa coalition se réunissent lundi 2 juillet pour une ultime tentative de résoudre un conflit qui dure depuis mi-juin. Au centre du bras de fer : la politique migratoire de la chancelière, jugée trop laxiste par le parti bavarois très conservateur CSU, membre de la coalition gouvernementale mise en place en mars après des mois de difficiles tractations.
Le président de cette formation et ministre allemand de l'Intérieur, Horst Seehofer, qui mène la fronde, a offert dimanche de démissionner de ses deux fonctions face à l'impasse, lors d'une réunion de la CSU qui a duré une dizaine d'heures à Munich. Avant, en fin de compte, de suspendre sa décision. "J'ai dit que je remettais les deux postes à disposition et que j'exécuterais cette décision dans les trois jours à venir", a-t-il déclaré dans la nuit de dimanche à lundi.
Dans l'intervalle, des discussions de la dernière chance au plus haut niveau sont prévues lundi après-midi entre son parti et la formation de centre-droit de la chancelière (CDU) "dans l'espoir de trouver un accord", a dit Horst Seehofer.
Le conflit porte sur le traitement des migrants arrivant en Allemagne mais déjà enregistrés dans d'autres pays de l'UE. Le ministre veut les refouler à la frontière, ce que refuse Angela Merkel pour ne pas créer "d'effet domino" en Europe.
Conséquences potentiellement graves
Devant les cadres de son mouvement, Horst Seehofer a évoqué trois scénarios. Il indiqué qu'il pouvait soit céder à la chancelière et rentrer dans le rang, soit passer outre les objections d'Angela Merkel et imposer de son propre chef les refoulements aux frontières – ce qui entraînerait toutefois son limogeage et l'éclatement du gouvernement de coalition – ou enfin démissionner. Et il a ajouté, selon des participants, que son choix s'était porté sur cette dernière option.
S'il devait confirmer lundi son départ, les conséquences pour l'avenir du gouvernement allemand seraient potentiellement graves. La question serait alors de savoir si le parti du ministre quitte lui aussi ou non la coalition. Dans pareil cas, la chancelière se verrait privée de majorité à la chambre des députés, avec sans doute à la clé des élections anticipées.
Le parti bavarois pourrait aussi se contenter de remplacer Horst Seehofer, dont les relations avec Angela Merkel étaient devenues exécrables, par une personnalité plus à même de négocier un compromis migratoire avec la chancelière.
Angela Merkel reste ferme
Angela Merkel reste cependant inflexible. Et elle a obtenu dimanche soir à Berlin le soutien quasi-unanime des instances dirigeantes de son parti. Ces dernières ont dans une motion refusé toute décision "unilatérale" nationale pour refouler les migrants, comme celle que souhaite Horst Seehofer.
Ce dernier conflit au sein du camp conservateur allemand sur les migrants a éclaté vers la mi-juin lorsque la chancelière a bloqué le projet de son ministre sur les refoulements de migrants. Mais il est en réalité quasi-permanent depuis la décision controversée prise en 2015 par Angela Merkel d'ouvrir les frontières de son pays à des centaines de milliers de candidats à l'asile.
Le ministre de l'Intérieur avait fixé un ultimatum à début juillet à Angela Merkel, menaçant d'imposer ses refoulements aux frontières faute de mesures "équivalentes" au niveau européen. Angela Merkel pensait pouvoir amadouer ce parti rebelle grâce aux mesures prises lors du dernier sommet européen pour réduire les flux migratoires. Mais Horst Seehofer les a qualifiées dimanche d'"insuffisantes".
Avec AFP