À l'initiative des conservateurs, des milliers d'Iraniens ont manifesté dans les rues de Téhéran, vendredi, contre le maintien de la République islamique dans l'accord sur le nucléaire et la politique d'ouverture du président Hassan Rohani.
Des drapeaux brûlés et des slogans "Mort aux États-Unis" : dans le centre de Téhéran, des milliers de personnes ont manifesté contre le maintien de l'Iran dans l'accord sur le nucléaire de 2015.
Manifestation contre les USA à Téhéran : « les américains nous ont roulé, on savait qu’on ne pouvait pas leur faire confiance, honnêtement vous ne seriez pas en colère vous? » me dit une manifestante
Mariam Pirzadeh (@mapirzadeh) 11 mai 2018Depuis l'annonce du retrait des États-Unis, la politique d'ouverture du président Hassan Rohani est mise à mal, et ce, alors que son ministre des Affaires étrangères, Mohammed Javad Zarif, entame samedi une tournée diplomatique pour tenter de sauver l'accord décrié.
Pression des conservateurs
Ahmad Khatami, un haut dignitaire du clergé et figure des conservateurs, a organisé la manifestation lors de la grande prière du vendredi, retransmise par la télévision publique iranienne. Il a notamment déclaré qu'il n'était pas possible de faire confiance aux pays européens ayant signé l'accord en juillet 2015.
L'ayatollah a également accusé les États-Unis de vouloir renverser le régime iranien. "Et ce retrait fait partie de cet objectif", a-t-il affirmé. "Quant aux signataires européens, on ne peut pas non plus leur faire confiance, on ne peut pas faire confiance aux ennemis de l'Iran."
For those who think Europe will stand alongside #Iran's regime after the #IranDealWithdrawl, hear it from their own words
Ahmad Khatami, close to Iranian supreme leader Ali Khamenei:
"Europe is very similar to the U.S. in breaking promises... They're talking about our missiles." pic.twitter.com/192TemDEvc
Une tournée diplomatique pour sauver l'accord
Selon plusieurs experts, interrogés par l'AFP, le régime iranien se trouve dans une position délicate : il veut montrer sa fermeté face aux États-Unis et à Israël, mais en même temps il a besoin du soutien des Européens pour préserver l'accord et les maigres gains économiques.
"L'administration Rohani aurait intérêt à sauver ce qui peut l'être encore de cet accord, en discutant avec l'Europe, les Russes et les Chinois, et donc à essayer plus ou moins de maîtriser l'escalade en Syrie, et de ne pas aller trop loin dans les ripostes", a indiqué à l'AFP Karim Emile Bitar, directeur de recherches à l'Institut de relations internationales et stratégiques.
L'Iran n'entend pas se retirer de l'accord sur le nucléaire, dit Rohani https://t.co/EnKTSnlNaP pic.twitter.com/XHUVE9yHq7
FRANCE 24 Français (@France24_fr) 8 mai 2018L'Iran a affirmé qu'il resterait dans l'accord si les Européens, la Russie et la Chine apportaient de solides garanties pour que les intérêts économiques de l'Iran soient assurés.
C'est dans ce sens que le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammed Javad Zarif entame samedi une tournée diplomatique délicate. Il se rendra successivement à Pékin, Moscou et Bruxelles, siège de l'Union européenne, pour des discussions sur cet accord de 2015 que continuent de défendre les autres signataires – la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Russie et la Chine.
Avec AFP et Reuters