Une douzaine de membres actuels ou anciens de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe sont mis en cause par un rapport pour des violations du code de conduite de l'institution ou des soupçons de corruption en lien avec l'Azerbaïdjan.
Plusieurs élus ou anciens élus de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) font l'objet d'un "fort soupçon" de corruption. Ils auraient bénéficié de largesses des autorités azerbaïdjanaises en échange de leur mansuétude à l'égard du régime.
Un an après avoir été mandatés par l'APCE pour faire la lumière sur cette affaire dite du "Caviargate" ou de la "diplomatie du caviar", trois experts ont rendu dimanche 22 avril un volumineux rapport de plus de 200 pages.
"En ce qui concerne les activités corruptrices en faveur de l'Azerbaïdjan, il y a de forts soupçons que certains membres actuels et anciens de l'APCE se soient livrés à des activités de cette nature", conclut le rapport de 200 pages rédigé par trois anciens juges de haut rang, le Britannique Sir Nicolas Bratza, le Français Jean-Louis Bruguière et la Suédoise Elisabet Fura.
Du caviar, des tapis et des nuits dans des hôtels de luxe
Issus de parlements nationaux de quelques-uns des 47 Etats membres du Conseil de l'Europe, ils sont soupçonnés d'avoir été "achetés" par les autorités de l'Azerbaïdjan en échange notamment de leur vote, en janvier 2013, contre un rapport dénonçant la situation des prisonniers politiques dans cette ex-république soviétique.
Certains élus se seraient vu offrir du caviar, des tapis et des nuits dans des hôtels de luxe de Bakou mais auraient surtout été grassement rémunérés pour des "activités de lobbying" au profit du régime.
"Les parlementaires impliqués sont invités à suspendre leur activité pendant qu'une commission (de l'APCE) examine leur situation au cas par cas", a indiqué le président de l'APCE, Michele Nicoletti, lors d'un point de presse.
Prises de position pro-Azerbaïdjan
Parmi ces parlementaires figure Eduard Lintner, un ancien élu allemand de la CSU, l'allié bavarois de la CDU de la chancelière Angela Merkel, qui a reçu quelque 800.000 euros via des sociétés écrans.
Une actuelle députée de la CDU, ancienne membre de l'APCE, Karin Strenz, est également épinglée pour avoir été rémunérée par la société d'Eduard Lintner, qualifié de "lobbyiste-clef" de l'Azerbaïdjan.
Mais le rapport se penche tout particulièrement sur le cas de l'ancien président de l'APCE, l'Espagnol Pedro Agramunt, qui avait démissionné en octobre 2017, poussé vers la sortie par les soupçons qui pesaient déjà sur lui. Le rapport évoque plusieurs "éléments" prouvant que Pedro Agramunt avait joué un "rôle déterminant" dans l'adoption de décisions de l'APCE "favorables à l'Azerbaïdjan".
Le cas de corruption le plus "sérieux" concerne toutefois l'Italien Luca Volonte, un démocrate-chrétien, qui est poursuivi dans son pays où la justice le soupçonne d'avoir touché plus de deux millions d'euros pour influer sur la rédaction de certains rapports.
Sa publication intervient à la veille de l'ouverture de la session de printemps de l'APCE, qui réunit 324 parlementaires des 47 Etats membres du Conseil de l'Europe, dont les 28 membres de l'Union européenne.
Avec AFP et Reuters