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Isao Takahata, le papa du "Tombeau des lucioles" et du studio Ghibli, nous a quittés

Le maître de l'animation japonaise, cofondateur du studio nippon le plus célèbre de la planète, est décédé des suites d'un cancer du poumon à l'âge de 82 ans.

Il a fait pleurer nombre d’entre nous, enfants, avec son sublime "Tombeau des lucioles". Il nous a fait rire aussi, avec sa horde de ratons laveurs vengeurs, prêts à tout pour sauver leur habitat naturel des bulldozers, dans "Pompoko". Le réalisateur japonais de films d'animation Isao Takahata s’est éteint à l'âge de 82 ans. C’est le studio Ghibli, qu’il a cofondé, qui a confirmé la triste nouvelle vendredi dans un communiqué.

Le studio a précisé que M. Takahata était mort dans les premières heures de la journée de jeudi, dans un hôpital de Tokyo, des suites d'un cancer du poumon. Il avait débuté sa carrière aux studios Toei, en 1959. C'est là-bas qu'il rencontra Hayao Miyazaki, avec lequel il collabora étroitement tout au long de sa carrière. Mais il faudra attendre 1985 pour que les deux génies fondent ensemble le studio d’animation le plus célèbre du Japon. Hayao Miyazaki, plus jeune que lui, restera toute sa vie son plus fidèle complice, mais aussi, parfois, son rival. Un rival qui le plaça malgré lui toujours dans l’ombre.

Impossible de ne pas verser une larme devant un tel monument, que sa propre enfance lui a largement inspiré

Passionné de littérature française et notamment de Jacques Prévert, il se fit connaître en 1988 avec "Le Tombeau des lucioles", un long-métrage magistral qui narre avec poésie l’errance de deux orphelins japonais durant la Seconde Guerre mondiale. Impossible de ne pas verser une larme devant un tel monument, que sa propre enfance, meurtrie par le bombardement américain de 1945, lui a largement inspiré. Une expérience qui l'a aussi poussé à s'engager contre toute volonté d'amender l'article 9 de la Constitution pacifiste du Japon, qui stipule que "le peuple japonais renonce à jamais à la guerre".

La France, pays de cœur

Isao Takahata, c’est aussi "Pompoko", qu’il réalisa en 1994 et pour lequel il obtint un Cristal du meilleur long-métrage au festival d'Annecy il y a plus de vingt ans. Touchant, loufoque, et là encore marqué par cette combativité qui lui est sans doute plus propre qu’à son confrère M. Miyazaki, ce film, porté par une bande de ratons-laveurs irréductibles, est une véritable ode à la nature.

Plus récemment, M. Takahata avait mis en images "Le Conte de la Princesse Kaguya", une redécouverte d’une classique du répertoire nippon qui lui valut une nomination en 2015 dans la catégorie du meilleur film d'animation aux Oscars. Il avait annoncé que ce serait là son ultime réalisation. Celle-ci avait aussi été projetée en ouverture du Festival international du film d'animation d'Annecy de 2014, où il reçut d’ailleurs, lors de sa 36e édition, un Cristal d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.

En 2015, il avait été élevé à Tokyo au grade d'officier de l'Ordre des Arts et des Lettres, une reconnaissance d'un travail artistique hautement apprécié en France. "La France est le pays où j'ai le plus voyagé et je suis des plus heureux d'être décoré par la nation dont je me sens le plus proche", s'était-il réjoui dans son discours d'acceptation.

Selon le quotidien Asahi Shimbun, ses obsèques auront lieu prochainement dans l'intimité, avant une cérémonie de plus grande envergure le 15 mai prochain.

– Avec AFP

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