logo

"Un sentiment d’insécurité générale prévaut parmi la population"

Amnesty International a publié un rapport sur la situation en Géorgie un an après la guerre. Natalia Nozadze, responsable du Sud-Caucase pour l’ONG, revient sur leurs principales conclusions. Interview.

FRANCE 24 - Lors de votre visite dans la région frontalière séparant la Géorgie de l’Ossétie du Sud, avez-vous eu l’impression que le souvenir de la guerre était encore vivace ?


Natalia Nozadze - L’une des choses les plus marquantes qu’on a pu constater sur place, c’est que peu de gens ont entrepris de reconstruire leur maison détruite malgré une compensation versée par l’Etat géorgien. Ces personnes nous ont expliqué que reconstruire ne servait à rien étant donné que le conflit pouvait reprendre à tout moment. Il y a un sentiment d’insécurité générale qui prévaut parmi la population.
 

F24 - Dans le rapport que vous venez de publier vous indiquez qu’environ 30 000 personnes, sur les quelque 200 000 déplacés, n’ont pas encore pu rentrer chez eux...


N. Z. - Il existe différentes situations. Une partie d’entre eux attend que les reconstructions soient terminées ou que la Géorgie leur verse la compensation promise pour pouvoir, ensuite, rebâtir eux-mêmes leur maison. Et puis, il y a environ 18 500 personnes, essentiellement des Géorgiens, dont le retour est très improbable puisqu'ils ont fui des zones qui, aujourd’hui, sont passées sous le contrôle sud-ossète. Pour ces déplacés, l’État a construit des nouveaux centres d’habitation. Reste qu’ils se retrouvent souvent dans des endroits isolés des principaux services publics et qu'ils dépendent à 100% de l’aide humanitaire.
 

F24 - Amnesty International estime que, pour l'heure, les conditions censées aboutir à une "paix stable" ne sont pas réunies. Quel est le principal blocage à votre avis ?


N.Z. - Un an après la guerre, la justice ne s’est pas penchée sur les exactions perpétrées l’an dernier pendant la guerre. Il faut absolument que les responsables soient poursuivis. Le problème est que la mission d’enquête russe refuse d’envisager d’éventuelles responsabilités autres que géorgiennes, tandis que Tbilissi a du mal à collecter des preuves dans les zones sous contrôle russe à la frontière avec l’Ossétie du Sud.