Un tribunal turc a condamné 25 journalistes à des peines allant jusqu'à sept ans et demi de prison à l'issue de l'un des nombreux procès ouverts contre la presse après la tentative de coup d'État de juillet 2016.
"T out vestige de l’État de droit a disparu en Turquie ". C’est par ces mots que Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé jeudi 8 mars la condamnation par un tribunal turc de 25 journalistes à des peines allant jusqu'à sept ans et demi de prison à l'issue de l'un des nombreux procès ouverts contre la presse après la tentative de coup d'État de juillet 2016.
La plupart des personnes condamnées ont collaboré avec des médias proches du mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d'avoir ourdi le putsch manqué, mais tous nient toute implication dans la tentative de renversement du gouvernement turc.
Parmi les accusés figurent notamment le chanteur et journaliste Atilla Tas, condamné à plus de trois ans de prison, et le journaliste Murat Aksoy, condamné à plus de deux ans, selon l'agence de presse Dogan. Les deux hommes, qui resteront en liberté conditionnelle en attendant le procès en appel, ont été reconnus coupables d'avoir "aidé une organisation terroriste sans en être membres".
Ankara considère comme "terroriste" le mouvement de Fethullah Gülen, qui, installé aux États-Unis, dément fermement avoir joué un rôle dans la tentative de putsch.
"C'est une décision de justice, nous la respectons", a déclaré Atilla Tas jeudi à l'annonce de la décision du juge, selon une vidéo publiée sur le site du quotidien d'opposition Cumhuriyet. "Si être dans l'opposition dans un pays est un crime, alors je suis coupable", a-t-il dit. "La procédure judiciaire n'est pas terminée", a tweeté pour sa part Murat Aksoy. "Je crois que je serai finalement acquitté. Je n'ai fait qu'écrire et commenter", a-t-il déclaré.
"Un verdict qui relève de l’arbitraire politique"
Treize des accusés, dont l'ancienne rédactrice du quotidien guléniste Zaman Hanim Büsra Erdal, ont été condamnés à 6 ans et 3 mois d'emprisonnement pour appartenance à une organisation terroriste. Et 10 d'entre eux ont été condamnés à sept ans et demi pour cette même accusation.
Le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF) Christophe Deloire a dénoncé un "verdict qui relève de l'arbitraire politique plutôt que de la justice". Il a appelé à la "libération immédiate" de tous les journalistes condamnés en lien avec le putsch avorté.
La Turquie est régulièrement critiquée pour l'ampleur des purges qu'elle a lancées après la tentative de coup d'État : plus de 50 000 personnes ont été arrêtées et plus de 140 000 ont été limogées ou suspendues. La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement de la liberté de la presse établi par RSF.
Avec AFP