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Législatives en Italie : la coalition de droite en tête, percée du Mouvement 5 Étoiles

La coalition de droite-extrême droite est en tête des législatives italiennes de dimanche, mais sans disposer de la majorité absolue. Le Mouvement 5 Étoiles a reçu pour sa part une majorité de voix.

La coalition de droite-extrême droite formée autour de Forza Italia de Silvio Berlusconi et de la Ligue du Nord de Matteo Salvini serait en tête des élections législatives selon des résultats partiels publiés lundi 5 mars, mais sans avoir la majorité absolue, tandis que le Mouvement 5 Étoiles (M5S) populiste a reçu le plus grand nombre de votes.

Les quatre partis de la coalition de droite-extrême droite obtiennent quelque 37 % des voix, selon des résultats partiels portant sur deux tiers des bureaux de vote. Mais à l'intérieur de cette coalition, c'est la Ligue de Matteo Salvini, formation eurosceptique et anti-immigration, alliée de Marine Le Pen en Europe, qui serait en tête avec 16,7 % des voix, devant Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi.

Si cette alliance devait l'emporter en termes de sièges, ce qui semblait hors de portée au vu des résultats partiels, Matteo Salvini, qui a promis d'expulser des centaines de milliers d'immigrés "clandestins", serait en droit de réclamer le poste de Premier ministre.

Les antisystème du Mouvement 5 Étoiles (M5S) réalisent de leur côté une percée historique, devenant le premier parti en Italie avec un score frolant les 32 %.

Quelque 46 millions d'Italiens étaient appelés à voter pour élire 630 députés et 315 sénateurs. Selon les experts, le seuil pour obtenir la majorité des sièges est de 40 à 45 %.

Le Mouvement 5 Etoiles, fondé par le comique Beppe Grillo en 2009, avait déjà créé la surprise en raflant 25 % des voix aux dernières législatives de 2013, et s'assure une position centrale dans le futur Parlement si son score est confirmé. "Il y a un élément certain qui émerge de ces premières données qui arrivent, c'est que le Mouvement 5 Étoiles sera le pilier de la prochaine législature", a déclaré dimanche soir l'un de ses dirigeants, Alfonso Bonafede.

En revanche, le Parti démocrate (PD, centre-gauche) de Matteo Renzi a confirmé dans les urnes le mauvais résultat anticipé par les sondages avec un score inférieur à 20 %.

Interrogée par France 24, l'eurodéputée et membre du parti démocrate Cécile Kyenge, se réjouit malgré tout du très fort taux de participation à ce scrutin. Mais elle sait que sa formation politique est en très mauvaise posture. "C'est un peu compliqué. Pour avoir une grande majorité dans un système parlementaire comme le nôtre, il faut avoir au moins 40 %. Si on ne dépasse pas ce score, on risque de ne pas être en mesure de gouverner. Mais il est trop tôt pour se prononcer, attendons les résultats définitifs", explique l'élue.

Tous les scénarios sont possibles

L'incertitude entourant ce résultat ouvre la voie à tous les scénarios possibles : majorité de droite, ou grande coalition entre Forza Italia et centre-gauche, bien que celle-ci semble s'éloigner, voire alliance des populistes et anti-système de la Ligue et du M5S. De fait, les mouvements populistes ont incontestablement réussi une percée dans ce pays fondateur de l'Union européenne, quelques mois après la victoire du Brexit en Grande-Bretagne et de Donald Trump aux États-Unis.

Durant la campagne, le ton est souvent monté, en particulier autour des migrants, comme cela avait été le cas lors de la campagne pour le Brexit en 2016 ou les législatives en Allemagne comme en Autriche en 2017.

En outre, les mouvements néofascistes ont multiplié les rassemblements publics, ce qui a provoqué des tensions avec les militants d'extrême gauche, en particulier après les coups de feu d'un militant d'extrême droite contre des Africains à Macerata (centre), en représailles à un fait divers sordide attribué à des Nigérians.

Il appartiendra au président italien, Sergio Mattarella, de démêler l'écheveau de ces résultats, dans les semaines qui suivent, et de confier un "mandat exploratoire" à celui ou celle qui lui paraitra en mesure d'obtenir une majorité devant le Parlement. Mais ces consultations politiques ne s'ouvriront pas avant la fin du mois au plus tôt, après l'élection des présidents des deux chambres, ouvrant une nouvelle période d'instabilité en Italie.

Avec AFP