Réunis mercredi par Vladimir Poutine, les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et iranien Hassan Rohani se sont mis d'accord sur la tenue d'un "congrès national syrien" entre régime et opposition pour parvenir à une solution politique en Syrie.
Les présidents russe, turc et iranien se sont dits d'accord mercredi 22 novembre à Sotchi, à l'issue d'un sommet consacré au règlement de la crise en Syrie, pour la tenue prochaine d'un "congrès" réunissant en Russie régime et opposition, selon Vladimir Poutine. Une initiative à laquelle le régime syrien a apporté son soutien dans la soirée. "Le gouvernement accueille favorablement" les conclusions du sommet de Sotchi, a indiqué le ministère des Affaires étrangères syrien, cité par l'agence Sana.
Ce compromis marque une victoire pour Vladimir Poutine qui se place ainsi au centre des négociations diplomatiques sur l'avenir politique de la Syrie, et ce à quelques jours de nouveaux pourparlers à Genève sous l'égide de l'ONU, le 28 novembre .
Le président russe avait estimé avant le début de la réunion que le conflit syrien était entré dans une "nouvelle phase" réclamant de la part de tous ses acteurs des "concessions" et des "compromis" pour parvenir à une solution politique. "Une vraie chance de mettre fin à cette guerre civile datant de plusieurs années [2011] est apparue", a déclaré le président russe à l'ouverture du sommet.
"Il revient au peuple syrien de déterminer lui-même son avenir (...) Il est évident que le processus (...) ne sera pas simple et exigera des compromis et des concessions de tous les participants, y compris du gouvernement syrien", a souligné Vladimir Poutine, qui a reçu la veille la visite du président syrien Bachar al-Assad. Téhéran et Ankara "entreprendront les efforts les plus actifs pour rendre ce travail le plus productif possible" a promis Vladimir Poutine mercredi.
Une "nouvelle phase" en Syrie après le recul de l’EI
Le président russe a également salué l'implication de l'Iran et de la Turquie pour "empêcher la chute de la Syrie aux mains de l'État islamique". Il a vanté le "rôle spécial" de ses deux hôtes pour établir des zones de désescalade en Syrie, décidées par les trois pays lors d'un précédent sommet à Astana et qui sont, dans les faits, restées très théoriques.
La défaite des jihadistes de l'organisation État islamique (EI), dont le dernier bastion urbain dans l'est de la Syrie, Boukamal, est tombé la semaine dernière, a fait entrer le conflit dans "une nouvelle phase" qui permet de relancer le processus de paix, a poursuivi Vladimir Poutine.
Un règlement politique du conflit doit s'inscrire dans le cadre du processus de Genève, a précisé le président russe.
L'Iran veut la fin des "ingérences étrangères "
Pour leur part, Hassan Rohani et Recep Tayyip Erdogan ont vanté la coopération étroite entre les trois pays, qui ont marginalisé depuis l'année dernière les puissances occidentales et arabes dans la recherche d'une solution au conflit syrien.
Le président iranien a insisté pour que cesse immédiatement "toute ingérence étrangère dans le conflit syrien". Sauf, bien sûr, si c'est "à l'invitation du gouvernement syrien", a-t-il ajouté.
L'Iran a volé au secours de Bachar al-Assad en envoyant en Syrie des milliers de Gardiens de la révolution, l'unité d'élite de la République islamique, mais aussi des milices supplétives chiites, en particulier le Hezbollah libanais.
Recep Tayyip Erdogan, dont le pays soutient au contraire l'Armée syrienne libre (ASL), la faction la plus modérée de la rébellion contre le régime de Damas, mais dont la priorité est passée du renversement d'Assad à la lutte contre les milices kurdes, a insisté pour sa part sur la nécessité de trouver un accord "acceptable pour le peuple syrien".
"Je pense que des décisions cruciales vont être prises aujourd'hui pour trouver une solution à la crise", a-t-il déclaré sans davantage de précision.