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À l’ONU, Trump tente d’expliquer le bien-fondé de "l'Amérique d’abord" au reste du monde

correspondant à New York – À la fois isolationniste et belliqueux, le discours du président américain lors de l’Assemblée générale de l’ONU, mardi, a laissé de nombreux observateurs perplexes. Une leçon de patriotisme qui semble sortir d’un autre âge.

Une fois de plus, Donald Trump a fait résonner son plus célèbre mantra. Sauf que, cette fois-ci, le président américain ne s’adressait pas à ses plus fervents soutiens, mais à des délégations étrangères venues du monde entier. Un auditoire moins sensible aux élans protectionnistes de l’actuel locataire de la Maison Blanche.

"En tant que président des États-Unis, je placerai toujours l’Amérique d’abord", a-t-il lancé, mardi 19 septembre, lors de l’Assemblée générale de l’ONU. Tout comme vous qui, en tant que dirigeants de vos pays respectifs, placerez toujours et devraient toujours placer vos pays en premier". Et d’ajouter : "Je défendrai plus que tout les intérêts de l'Amérique. Mais, dans la mise en œuvre de nos obligations à l'égard des autres nations, nous considérons également que l'intérêt général est de faire en sorte que toutes les nations aient droit à la souveraineté, à la prospérité et à la sécurité".

À l’en croire donc, son "Amérique d’abord" ne signifierait pas "les autres après", puisque tous ses pairs devraient suivre sa logique patriotique et protectionniste. À New York, Donald Trump est certes chez lui. Mais tenir pareils propos dans l’enceinte d’une organisation créée justement pour éviter que les nations n’agissent que dans leurs propres intérêts, cela ne manque pas de piquant.

Reste que, pour le président américain, privilégier sa nation, ce n’est pas agir seul dans son coin mais agir avec l’objectif commun de garantir sécurité et prospérité à son propre pays. Le monde selon Trump, ce sont donc des États-nations se comportant comme une somme d’individus, c’est l’individualisme à l’américaine porté à l’échelle internationale. Et c’est – surtout – un monde où les uns n’ont pas besoin de l’aide des autres.

"Aujourd’hui, si nous ne mettons pas de nous-mêmes, de notre cœur et de notre esprit dans l’épanouissement de nos nations, si nous ne fondons pas des familles solides, des communautés sûres et des sociétés saines, personne ne le fera pour nous."

En vertu de ses principes, toute nation devrait avoir le droit d’agir selon ses "valeurs" et sa "culture", a plaidé Donald Trump. Mais si l’une d’elle s’écarte du droit chemin, la justice doit s’appliquer avec célérité et sévérité.

Faisant écho à l’"axe du mal" si cher à George W. Bush, le 45e président américain s’est fait fort de pointer les "régimes voyous" qui menacent l’ordre international : l’Iran et la Corée du Nord. À propos de cette dernière, l es États-Unis font preuve d’"une grande force" et d’"une grande patience", a-t-il fait valoir, "mais si nous sommes forcés de nous défendre ou de défendre nos alliés, nous n'aurons pas d'autres choix que de détruire totalement la Corée du Nord ".

Tour à tour chantre du non-interventionnisme puis chef de guerre qui promet d’anéantir ses ennemis, difficile d’y voir clair dans la diplomatie selon Trump….

"La sagesse du passé"

Objet de ses moqueries depuis de longues années, l’ONU n’a pas été épargnée par le chef de la première puissance mondiale. Il a de nouveau affirmé que son pays versait un tribut trop important à l’organisation internationale, dont il a une fois de plus critiqué le mode de fonctionnement.

"Cette organisation s’est bien trop souvent concentrée sur la bureaucratie plutôt que sur les résultats".

Selon lui, la politique étrangère se mène davantage sur les théâtres d’opération que dans les chancelleries. "Le dévouement de l’Amérique se mesure sur les champs de bataille où nos jeunes hommes et femmes se sont battus et se sont sacrifiés aux côtés de nos alliés, des plages d’Europe aux désert du Moyen-Orient jusqu’aux jungles d’Asie".

La "sagesse du passé", un thème récurrent tout au long de son discours, doit continuer de gouverner le monde. Pour Trump, c’est le patriotisme "à l’ancienne" – le fait de faire passer son pays avant tout – qui a sauvé le monde de la tyrannie lors de la Seconde Guerre mondiale et qui doit continuer de guider les pays.

"Le patriotisme a mené les Polonais à mourir pour la Pologne, les Français à mourir pour une France libre et les Britanniques à être forts pour le Royaume-Uni", a-t-il lancé à la tribune. On pourrait lui rétorquer que c’est un patriotisme débridé, un nationalisme sauvage qui a finalement contraint ces pays à se battre pour leur liberté.