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"Au revoir Vladimir !" : des critiques retransmises en direct lors d'un entretien de Vladimir Poutine

Comme chaque année, Vladimir Poutine a répondu jeudi aux question d'un panel de la population pour aborder la situation dans le pays. Seul hic : l'émission télévisée a diffusé des messages critiques à l'égard du président russe.

"Trois mandats présidentiels, c'est assez !", "Quand cesserez-vous de violer la Constitution?"... Voici le genre de commentaires que les spectateurs de "Ligne Directe" en Russie ont pu lire, jeudi 15 juin, lors de la séance annuelle de questions-réponses entre Vladimir Poutine et un panel de la population. 

"Poutine, tu espères vraiment que le peuple croie à ce cirque avec ces questions montées de toutes pièces ?", pouvait-on ensuite lire sur l'écran, dans un cadre bleu qui affichait en direct les messages des téléspectateurs. "Au revoir, Vladimir Vladimirovitch !", s'est également affiché, alors que le président russe n'a toujours pas annoncé s'il serait candidat à l'élection présidentielle prévue en mars 2018. Au bout de quelques minutes, le cadre bleu a fini par disparaître de l'écran.

Pas un mot sur l'arrestation de Navalny

Ce moment de malaise est d'autant plus surprenant que l'émission au contenu bien huilé en était à sa quinzième édition. Faut-il y voir un lien avec l'arrestation, trois jours plus tôt, de plus de 1 720 manifestants mobilisés à l'appel de l'opposant Alexeï Navalny, à Moscou et dans plusieurs villes russes ? Aucun élement ne permet, pour l'heure, de l'affirmer. En tous cas, le président n'a pas eu, au cours des trois heures de l'émission, à réagir à ces critiques, ni à s'exprimer sur les interpellations.

La grande majorité des doléances adressées à Vladimir Poutine ont porté cette année sur les difficultés économiques rencontrées par la population russe. Plusieurs années de crise économique et monétaire, aggravée par la chute des prix du pétrole et les sanctions occidentales liées à la crise ukrainienne, ont fait plonger le pouvoir d'achat et les revenus.

20 millions de Russes sous le seul de pauvreté

"La récession est terminée", a insisté Vladimir Poutine, reconnaissant néanmoins que le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté avait augmenté de manière "préoccupante" dans le pays et promettant de travailler à l'amélioration du niveau de vie. L'an dernier, le nombre de Russe pauvres a approché l'an dernier 20 millions, soit plus de trois millions et demi de plus qu'en 2014. En d'autres termes : un bond en arrière de dix ans en termes d'amélioration du niveau de vie après d'importants progrès au début des années 2000.

Accorder l'asile à James Comey

Ces doléances interviennent au lendemain de l'adoption de nouvelles sanctions contre la Russie par le Sénat américain, décision vivement critiquée par le président russe. "À chaque fois que nos partenaires dans le monde ont senti que la Russie était un concurrent important, ils ont adopté des restrictions sous différents prétextes", a-t-il affirmé. Il a néanmoins appelé les États-Unis à coopérer avec la Russie sur les principaux problèmes internationaux. "Nous ne considérons pas l'Amérique comme notre ennemi", a-t-il affirmé.

Interrogé sur l'ancien chef du FBI James Comey, limogé par Donald Trump en plein cœur d'une tempête politique sur une ingérence présumée du Kremlin dans la campagne présidentielle américaine, Vladimir Poutine a répondu par la plaisanterie en comparant James Comey à Edward Snowden, réfugié en Russie après ses révélations sur la surveillance de la NSA. "Si une enquête est ouverte à son encontre, nous sommes prêts à lui accorder l'asile politique en Russie. Il doit le savoir", a lancé le président russe.

Le président a également évoqué pour la première fois ses petits-enfants et dit souhaiter qu'ils vivent "normalement", révélant pour la première fois leur existence à la télévision russe. "En ce qui concerne mes petits-enfants, l'un va déjà au jardin d'enfants. Comprenez cela : je ne veux pas qu'ils grandissent comme des princes, je veux qu'ils grandissent comme des gens normaux", s'est expliqué le président russe, ajoutant que "l'un est né récemment".

Avec AFP et Reuters