Au menu de cette revue de presse française, mardi 13 juin, les réactions et le décryptage de la large domination, par les candidats de La République En Marche, du premier tour des législatives.
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A la Une de la presse française, ce matin, la domination écrasante du premier tour des législatives par la République En Marche!
Plus de 400 de ses candidats sont à peu près certains de l’emporter à l’issue du second tour, dimanche prochain. «Maintenant, il va falloir assurer», leur lance le Parisien, qui rappelle que la majorité d’entre eux sont des novices en politique, et qu’ils vont donc devoir suivre une formation accélérée en arrivant à l’Assemblée. Novice en politique, Anaïg Le Meur, kinésithérapeute de son état, l’est indubitablement, elle qui n’a jamais été élue qu’à l’ordre des kinés ou au conseil d’école de ses enfants - ce qui ne l’a pas empêchée d’obtenir deux fois plus de voix que le député sortant et ancien ministre de la Justice socialiste, Jean-Jacques Urvoas, dans la première circonscription du Finistère. Dans le Parisien, la candidate de 44 ans n’en revient toujours pas: en voyant les résultats, raconte-t-elle, «je me suis dit «ah oui, quand même! Pour être honnête, je savais qu’il y avait un élan très fort, mais je ne m’attendais pas à un tel écart avec mon adversaire». Annaïg LeMeur, dit aussi avoir déjà commencé à potasser le «Manuel de survie à l’assemblée nationale», écrit par… Jean-Jacques Urvoas.
246 femmes de la République en Marche sont arrivées en tête du premier tour. D’après le Huffington Post, il est possible qu’elles obtiennent 42% des sièges à l’Assemblée, un record historique et un progrès considérable par rapport à 2012, où les candidates avaient obtenu que moins de 27% des sièges au Palais Bourbon. 42%, le score hisserait la France à la seconde place européenne, derrière la Suède, 46% de femmes au Parlement. Beaucoup de femmes et aussi beaucoup de jeunes, selon l’Opinion, qui rapporte que la République en marche! compte 81 candidats de moins de 35 ans à s’être qualifiés au premier tour. Là encore, une progression très nette par rapport à 2012, où seuls 27 députés avaient moins de 40 ans. Une future assemblée novice, féminisée et rajeunie – mais qui va présenter le visage d’un renouveau limité, selon Luc Rouban, cité par Slate. D’après ce politologue, l’étude de la biographie des candidats de la République en marche ferait apparaître des origines socio-professionnelles «particulièrement étroites», avec une nette majorité, plus de 68%, appartenant aux classes supérieures - ce que ce chercheur présente comme la manifestation d’une «démocratie de l’entre-soi», et d’une «circulation circulaire des élites politiques» - ce qu’on appelle «faire du neuf avec du vieux».
Vrai renouvellement ou pas, la presse s’inquiète surtout des risques de voir se constituer une «hypermajorité». La Croix s’interroge sur la gestion, à l’Assemblée, d’un «immense groupe central peu expérimenté», où ne manqueront pas d’apparaître des «trublions périphériques». «Une équation parlementaire plus complexe qu’il n’y paraît», d’après le journal, préoccupé également par la façon dont la future majorité saura ou non prendre en compte «l’indifférence, le désenchantement, la désespérance et le ressentiment» de ceux qui ne sont pas allés voter. «Le nouveau pourvoir a le champ libre, mais sa force est fragile, le triomphalisme lui est interdit», met en garde la Croix, dont le message, semble-t-il, a été reçu 5 sur 5. «En marche! se garde de crier victoire», relève le Figaro, qui cite l’un des piliers d’En marche!, Jean-Paul Delevoye: «Ce résultat nous amène à beaucoup d’humilité par rapport aux fractures de la société française».
Cette société française s’est largement abstenue, dimanche dernier. La faible participation aurait profité au mouvement présidentiel, selon l’Opinion, qui a tenté de décrypter les rasions du «tsunami » En marche! D’après le journal, ce ne seraient «ni le bilan ni la personnalité des candidats» qui auraient motivé le choix des électeurs, mais d’abord le vote utile, amplifié par le scrutin majoritaire. La victoire annoncée de la République en marche!, est surtout présentée comme le résultat du vote utile et de l’abstention, donc – surtout des jeunes: dont près de deux sur trois ne sont pas allés voter, dimanche, selon 20 minutes. Cette mise en avant du fort taux d’abstention est soupçonnée par les Echos d’avoir surtout pour objectif «de délégitimer aujourd’hui la victoire d’En marche pour pouvoir mieux contester demain les décisions qui seront prises par le nouveau président, avec en priorité la réforme du droit du travail».
La déroute, elle, touche à la fois «la droite, la gauche et le Front national» - d’après le Figaro. Le journal évoque des partis traditionnels «sous le choc», tandis que Libération a choisi un paysage désertique pour symboliser la gauche post-législatives. «Plus rien», titre Libé, qui estime qu’entre les Insoumis, le PS, le PC et les écologistes, ils ne seront pas plus de 50 députés à siéger dans la future Assemblée. «Morte, la gauche? C’est tout comme », écrit le journal, pour qui continue d’émerger malgré tout, malgré la défaite, la «question centrale, cardinale, décisive, qui continue de séparer le courant conservateur et celui du progrès: l’injustice sociale, celle que le marché, dans son efficacité même, entretient». «Sur ce point essentiel, prévient Libé, En marche promet surtout du surplace». Un verdict partagé par l’Humanité, qui voit plus que jamais la gauche face au «défi de mobiliser l’électorat populaire».
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